lundi 1 février 2021

Brouillard au feu pont de Tolbiac

 C'est notre lecteur Gilles G. qui, en m'envoyant quelques photographies, m'a donné l'idée de cet article.

Car qui aujourd'hui se souvient de ce pont entouré de mystère, presque un personnage - à l'égal de Nestor Burma - du livre de Léo Mallet, puis immortalisé par Tardi ?  

Commençons par cette photographie de Gilles G. représentant le viaduc de Tolbiac peu de temps avant sa disparition.
J'ai dit viaduc ?
Oui, car le viaduc de Tolbiac - celui dont nous parlons - était un pont à trois travées long de 162 mètres qui enjambait les voies ferrées de la gare d'Austerlitz; il permettait à la rue de Tolbiac de rejoindre la Seine pour la franchir au pont de Tolbiac. 


Construit en 1895, le viaduc aura vu passer toutes sortes de véhicules, d'abord hippomobiles, puis automobiles et enfin tramways. 

L'ambiance nocturne n'était pas des plus riantes...


Sa dernière tenue bicolore bleue et rouge, les couleurs de Paris:


C'est Léo Mallet qui donna la notoriété à notre viaduc en écrivant le livre "Brouillard au pont de Tolbiac" en 1956, dans la série des "Nouveaux mystères de Paris". Sa déclinaison en série télévisée avec Guy Marchand dans le rôle de Nestor Burma aura un certain succès lors de sa sortie en 1994, même si le réalisateur confondit le viaduc et le pont de Tolbiac !

Le dessinateur Jacques Tardi illustrera le roman en 1982:


Plus fidèle à l'original que la télévision, Jacques Tardi représentera le viaduc de Tolbiac et non le pont homonyme.


En 1996, dans le cadre du "grand projet" Paris-rive-gauche, notre viaduc sera démantelé mais pas détruit. Divers projets de réutilisation virent le jour, dont le plus abouti fut celui de l'actuelle passerelle Simone de Beauvoir qui devait incorporer les arches du viaduc à sa construction. 

La ville de Paris ainsi que le promoteur de la ZAC rive-gauche la Semapa (Sté d'économie mixte de la ville de Paris) promettront, jureront, donneront leur parole que le viaduc sera remonté bientôt; on sait ce qu'il en est.

Vous lirez avec intérêt l'article du journal Libération du 15 décembre 1995: Clic !


Et voilà la petite ville d'Auneau (Eure et Loir) récipiendaire d'un cadeau empoisonné qui va encombrer les voies de débords de sa gare pendant vingt ans.

Le viaduc sera ferraillé en 2017 sans tambour ni trompette...

Pour mieux vous situer l'emplacement de notre viaduc, j'ai fait appel au merveilleux site de l'IGN où cette vue aérienne nous le montre au centre de l'image:

Quand je vous dis que ce site est merveilleux: regardez cette incrustation de la vue ancienne dans le Paris d'aujourd'hui:

Et si je regarde Google-Street-view (pour qu'il n'y ait pas de jaloux), cette vue marque l'emplacement du milieu du viaduc !

Un grand merci à Gilles G. pour son envoi !



8 commentaires:

Sergejbteam a dit…

Moua! Moua! j'm'en souviens encore !!!
avec le quai de la gare, les moulins de paris...
j'allais au studio de musique et passé souvent et même une fois ou deux en dessous pour prendre des photos...

quelle tristesse et quel gâchis ...

JPD a dit…

Tout ça pour construire un quartier sans âme, sans vie et sans couleurs !

marc a dit…

Je dois avouer, avec honte, que je n'ai pas gardé un souvenir précis de ce viaduc que j'ai dû emprunter (peut-être avec le bus 62?). Il n'ait pas gravé dans ma mémoire comme l'ont été la rue Watt (à moitié défigurer) ou la gare Massena et sa passerelle

JPD a dit…

Il est vrai qu'à moins d'habiter dans le coin, ce n'était pas une destination très touristique; en fait, c'est Léo Mallet qui lui a donné ses lettres de noblesse, puis la BD, puis la télé.

manu a dit…

En venant de Bercy, c'était le chemin d'accès aux Frigos qui étaient déjà et sont encore un lieu mystique à découvrir.

Thérèse a dit…

Une belle page de l'histoire de ce viaduc.

Daniel a dit…

J'habitais 54 rue du Chevaleret, très près du pont de pierre de Tolbiac et du viaduc. Je l'ai traversé à pied de nombreuses fois de 6 ans à 15 ans...de 1961 à 1970, pour aller me promener au bord de la seine. Depuis ma chambre au quatrième étage, ma fenêtre donnait sur les voies de chemin de fer et je voyais sur la gauche le viaduc et un peu plus loin à droite Les Grands Moulins de Paris. C'était une belle époque et on vivait bien dans ce Paris.Que de souvenir en voyant ces photos du viaduc. La rue Watt aussi au bout de la rue du Chevaleret et aussi la gare Masséna où je rejoignais des copains...

Choupette7883 a dit…

J'ai habité dans les années 60 dans l'immeuble SNCF situé au 7 rue de Tolbiac et j'allais à l'école rue de Patay après avir habité dans la gare de Paris-Tolbiac, mon père travaillant à la SNCF
Je ne reconnais plus du tout le quartier ni les noms de certaines rues, par exemple il y avait une petite rue permettant de relier la rue de Tolbiac à la rue du Chevaleret qui n'avait aucun numéro mais je ne me rappelle plus de son nom !!!!