vendredi 14 octobre 2022
Construction de l'autoroute A1 " Section Paris - Saint-Denis " - 1966
mercredi 5 octobre 2022
Le mystère de la pierre factice...
Connaissez-vous le mystère de la pierre factice ?
Cela sonne comme la réminiscence d'une légende médiévale venue jusqu'à nous par on ne sait quel troubadour...
Serait-ce lié à la légende de Saint-Denis qui, décapité à Montmartre, aurait marché avec sa tête sous le bras, jusqu'à la ville qui porte aujourd'hui son nom ?
Et pourquoi diantre cet emplacement entre Seine et canal ?
Est-ce lié à la maison hantée qui nous regarde à cent mètres ?
Cette maison a pour nom "Maison Coignet" car elle a été conçue par un entrepreneur de génie, François Coignet, lyonnais d'origine venu à Paris pour développer son invention, le "béton économique", ou « béton pisé, moulé et massivé » (béton pisé coulé dans des coffrages). C'était une première mondiale. Il faudra attendre 1998 pour la voir inscrite aux Monuments historiques.
Mais on le voit, inscription MH ne vaut pas rénovation et notre maison se dégrade...
Cette maison se trouvait au bord de la Seine, attenante à l'usine de produits chimiques Coignet.
Cet immeuble digne des meilleurs immeubles de rapport parisiens, a été rénové en 2014/2016.
Et c'est ici que le mystère me saute à la gorge !
L'immeuble porte fièrement la plaque de rue qui rend hommage à son créateur, François Coignet... Mais un esprit malin est venu ajouter une seconde plaque portant le nom de "rue de la pierre factice"... Qui croire ? Et d'où vient cette fine appellation ?
Sur le quai de Seine, les arbres masquent en partie la maison Coignet. La terrasse a également été construite par François Coignet selon son procédé de béton économique.
**
Vous avez compris que l'expression "pierre factice" était la dénomination jargonneuse du béton économique de François Coignet !
**
Vous lirez avec intérêt l'article de Wikipédia ainsi que celui plus technique de Techno-Science.
J'indique aussi ce site qui paraît peu actif: La Maison Coignet.
**
72 rue Charles-Michels et 29 boulevard de la Libération, Saint-Denis (Seine Saint-Denis).
lundi 13 juin 2022
Ateliers de Moulage du Louvre et des Musées Nationaux
anciennement dénommés "les ateliers de moulage et de chalcographie du Louvre"
Ce n'est pas compliqué, vous réglez vos sextants sur l'étoile polaire, vous enfourchez votre fougueux destrier et vous filez plein nord, direction La Plaine Saint-Denis.
Là, vous chercherez le quartier Montjoie (Montjoie Saint-Denis, vous l'avez ?) au milieu duquel se trouve le square de la cristallerie, ce qui laisse à penser qu'il y eut ici un jour... une fonderie. Si vous êtes en avance comme moi, ne cherchez pas, il n'y a pas de comptoir où boire un petit café à l'horizon... C'est la ville à l'américaine dans toute son horreur !
Vous visez le hideux bâtiment verre et béton qui vous fait face:
Et vous vous retrouvez devant l'entrée de... Showroom Privé.com !
Avant de franchir les barrières, vous frapperez aux deux portes rouges à droite et à gauche, c'est là.
De toute façon, comme les visites ne sont que guidées, vous serez guidés par un guide, ce qui vous évitera tout souci !
Vous la reconnaissez ?
Si vous êtes maire, c'est ici que vous commanderez la Marianne qui vous assistera dans la salle des mariages. Alors, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Mireille Mathieu ?
Ici, des mouleurs-statuaires reproduisent des sculptures dans le plus grand respect de l'œuvre originale.
Les clients ont pour noms Le Louvre, Orsay, le château de Versailles, etc...
Il n'y a pas que des antiques sur ces rayonnages, mais les œuvres d'artistes contemporains - il y en a - ne sont pas autorisées à la photographie...
Ici, le fameux code d'Hammourabi:
N'oublions pas la formation de jeunes à des métiers qui, sans ces ateliers, auraient disparu depuis belle lurette.
J'ai trouvé particulièrement piquant que ce jeune homme qui travaillait sur la tête de Méduse ait une coiffure aussi originale. C'est bien simple: j'étais médusé !
Photo prise avec l'autorisation de l'intéressé.
Si l'on m'avait dit que je retrouverais le scribe accroupi à Saint-Denis !
Quelques exemples de coloris qui plaisent beaucoup aux habitants du Nebraska ou du Texas...
Les deux reproductions les plus demandées sont la Vénus de Milo et la victoire de Samothrace; pourquoi les gens détestent-ils autant les bras ?
Savez-vous qu'ici, on forme des patineurs ?
Nous retraversons le hall d'entrée et nous voici dans l’atelier de chalcographie du Louvre qui, depuis 1797, est chargé de conserver et d’imprimer une collection de plusieurs milliers de cuivres gravés dont les tirages sont destinés à la vente.
Voici les armes du crime !
Je profite de cette photo pour faire état de la gentillesse et de la disponibilité de tous ces jeunes ou moins jeunes. C'est un bonheur de les entendre parler de leur métier. Qu'ils soient tous ici chaleureusement remerciés !
Ajoutons à ces remerciements la guide très professionnelle qui a su nous passionner pendant cette visite. C'est simple, j'avais l'impression d'être plus intelligent en sortant qu'en arrivant !
N'hésitez pas à aller vous promener sur leur site.
Comme je suis gentil, j'ajoute cette vidéo qui vous mettra dans l'ambiance:
Une telle visite se programme à l'avance. Vous guetterez sur le site Explore Paris la programmation ainsi que la disponibilité. Notez que vous pouvez déclencher une alerte qui vous préviendra lorsque des places seront disponibles.
Ticket: 15,00 €
1 impasse du pilier, La Plaine Saint-Denis (Seine Saint-Denis)
jeudi 8 avril 2021
D'un coupon de rail à la grande histoire...
Lorsque Super-Matthieu pose son regard sur un morceau de rail, il lui vient des souvenirs...
Encore une fois, cet article ne nécessitant pas ma présence, je lui cède le micro !
***
D’une guerre franco-allemande à l’autre : les aciéries de Micheville, dépôt d’Aubervilliers.
Souvenez-vous : nous avions découvert un bien curieux monument érigé au cœur des Magasins Généraux de la Plaine Saint Denis (Clic !), et constitué de rails de récupération, rappelant l’histoire industrielle des lieux et leur réseau ferré.
Sur ces rails en acier, on peut encore lire cette inscription : « Micheville ».
Créée à Villerupt (Meurthe-et-Moselle) en 1872, ce qui était alors la société Ferry-Curicque faisait partie des nombreuses entreprises sidérurgiques de la Lorraine, dont le sous-sol regorgeait du minerai de fer indispensable à l’élaboration de l’acier.
Rappelons qu’alors, l’Alsace ainsi qu’une partie de la Lorraine venaient de devenir Allemandes : ce ne fut toutefois pas le cas des villes de Thil et de Villerupt grâce à Augustin Pouyer-Quertier, ministre des Finances d’Adolphe Thiers et négociateur du traité de paix à Versailles, en février 1871. Principal actionnaire des Forges de Villerupt, ce généreux plénipotentiaire totalement désintéressé saura intriguer auprès de Bismarck afin que les villes de Thil et de Villerupt ainsi que leurs aciéries demeurassent du côté Français de la nouvelle frontière !
Ferry-Curicque devient en 1914 la Société des Aciéries de Micheville. D’un conflit l’autre : la première Guerre Mondiale verra l’usine de Villerupt, qui exploitait six hauts-fourneaux, fortement endommagée par les bombardements. Le site industriel sera reconstruit dès 1918, porté par la forte demande liée aux travaux de reconstruction et d’industrialisation de la France victorieuse.
La Plaine Saint Denis est alors une zone industrielle en plein essor : entre Aubervilliers et Saint Denis, de nombreuses usines viennent s’implanter de chaque côté du Canal, et le port de Saint Denis devient un important nœud de transit pour marchandises.
C’est dans ce contexte que les Aciéries de Micheville installent leur dépôt d’Aubervilliers, au 85 boulevard Félix Faure. Le site, profondément remanié en 1934, comprend un bâtiment administratif sur rue, des halles de stockage, et des portiques de déchargement permettant (entre autres) de manipuler les lourds rails d’acier produits en Lorraine, et dont certains serviront à construire et entretenir le Chemin de Fer Industriel de la Plaine Saint Denis qui desservira bientôt 140 hectares à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.
A cette adresse on trouve aujourd’hui une succursale de La Plateforme du Bâtiment, qui utilise toujours ces halles historiques pour l’entreposage de leurs matériaux.
Côté canal, les portiques ont quant à eux été démantelés en 2010. Il en reste quelques photographies sur l’excellent site dédié au Patrimoine séquano-dyonisien : Clic !
Pour les cinéphiles, on aperçoit ces mêmes portiques dans le film « Le Marginal » lors de la scène de poursuite en Ford Mustang conduite par Jean-Paul Belmondo sur les berges du Canal Saint Denis entre Aubervilliers et la place Stalingrad (magie du cinéma ).
Il reste toutefois une ultime trace des Aciéries de Micheville, gravée au fronton du bâtiment administratif, et bien visible sur le Boulevard Félix Faure :
Déambulant sur ce boulevard de banlieue au riche passé, levez les yeux et vous ferez un voyage dans le temps, de 1871 à nos jours, en passant par 1918… souvenez-vous des mineurs lorrains, des ouvriers des hauts fourneaux, des travailleurs du fer et de l’acier d’hier et d’aujourd’hui…
Et vive la Commune !
***
Un grand merci à Matthieu pour cette remontée dans le temps passionnante !
***