Entre ces deux plans, que de changements !
Le premier nous montre Paris dans ses limites de 1839, ceinturé par le mur des fermiers généraux (le mur murant Paris rend Paris murmurant), et Montmartre est en banlieue.
Entre le chemin de ronde et la récente (1821) avenue Trudaine, se trouvent les abattoirs de Montmartre.
Le second plan (1878) nous montre un Paris qui a englobé tout ou partie des communes limitrophes. Le mur a été entièrement démoli par le préfet Haussmann en 1860; à sa place, un large boulevard planté d'arbres.
Les abattoirs ont disparu au profit du collège Rollin qui deviendra le lycée Jacques Decour à la Libération.
Le collège Rollin est un lointain héritier du collège Sainte-Barbe de la rue des postes (actuelle rue Lhomond). C'est l'architecte de la ville de Paris Napoléon Alexandre Roger qui construira entre 1876 et 1878 cet ensemble qui, à l'époque de son ouverture, était aussi un internat.
Typique des constructions de la troisième république, ce "palais du savoir" présente encore aujourd'hui une organisation dont les architectes actuels devraient bien s'inspirer...
Nous allons donc avoir le privilège d'effectuer une visite guidée du lycée-collège Jacques Decour. Notre guide sera Marc S., Président de l'Association des anciens élèves qui, comme toute personne de qualité, est un lecteur assidu de Paris-Bise-Art.
Les premières pièces auxquelles nous accédons sont les parloirs. Ils se préparent à recevoir des invités car la journée nationale de la résistance sera l'occasion pour le lycée d'inaugurer une sculpture de Peter Thomas représentant celui qui, depuis la Libération, a donné son nom au lycée.
Une grande fresque représente le sacrifice de Jacques Decour, fusillé au Mont-Valérien en 1942:
Sous la fresque, une plaque de marbre pour se souvenir du héros et de sa citation à l'ordre de la nation en 1949.
À côté, le grand parloir se prépare à accueillir ses invités sous une grande toile ainsi qu'une immense plaque célébrant les lauréats du concours général.
Sortons à présent à l'air libre; nous nous trouvons dans la cour d'honneur.
Les arbres ont poussé mais l'aspect général est le même
Ce jardin a un charme fou
Dans l'axe de la cour, Charles Rollin trône en majesté; sa statue en bronze est signée Jean-Didier Debut.
Tout autour de la cour, des galeries permettent de circuler au sec... ou bien est-ce une réminiscence des cloîtres anciens ? Les décors en mosaïque sont magnifiques.
Je suis pour le retour du huit-reflets dans les lycées !
Vous connaissez mon amour des beaux escaliers; l'escalier d'honneur me comble !
Dans une cour annexe, la silhouette de la chapelle (à droite):
Utilisée aujourd'hui comme salle de réunion (ou d'examen), la chapelle n'a pas beaucoup changé:
Près de l'autel/écran, une rareté qui se remarque à peine: une plaque en marbre noir où l'on peut lire "À la mémoire des élèves du collège Sainte Barbe-Rollin morts pour la patrie en 1870-1871".
Les vitraux (d'origine) sont l'oeuvre du maître verrier Léon Lefèvre.
Un orgue de style néo-baroque allemand surplombe la chapelle. Il est de facture récente (1974/1982) et doit son existence à la volonté d'un professeur et de trois anciens élèves. Plus d'info. sur cet orgue:
Clic !
Je ne pouvais pas quitter cette ancienne chapelle sans jeter un œil derrière le rideau de scène... Et regardez ce que j'y ai trouvé !
à suivre...
12 avenue Trudaine, Paris IX°.