mardi 21 septembre 2021

À Courbevoie, une maison mais pas que...

 Une petite rue dans un quartier tranquille de Courbevoie, et dans cette rue, une maison qui semble dominer ses voisine. Pas par sa taille ni par sa surface, mais par son élégance discrète et par les détails qui lui donnent son cachet.


Voyez par exemple ces lambrequins qui ne font pas leur âge:


Voyez les pointes acérées de cette grille que vous ne trouverez pas chez Leroy-Machin...


Combien cela couterait-il aujourd'hui s'il fallait refaire à l'identique cette balustrade en fonte ?



La maison date de 1884. C'est la pleine période des décorations en faïence permettant aux maisons de rivaliser par leur originalité. Celles-ci ont été réalisées par la célèbre maison Müller.
Regardez les couleurs, elles sont comme neuves !



Nous sommes invités par le maître des lieux à visiter l'intérieur. 
À bien des détails, on constate que nous sommes chez des gens de goût qui ont su conserver les cheminées ou les parquets. 
Même si l'on a fait installer des doubles vitrages, on a conservé les crémones.


Regardez comme ce simple lambrequin rend cette fenêtre élégante:


Là où la discrétion s'impose, on a fait poser des vitraux qui dispensent une lumière nacrée. Agrandissez les photos pour voir la précision du dessin.


Cet escalier en colimaçon m'attire; heureusement que je suis fluet ! 😉


Le paradis des enfants !
Imaginez, au sommet de la tourelle, sous la charpente, une place unique pour lire tranquille...


Nous redescendons vers le passage qui permet la jonction entre la vieille maison et l'extension résolument contemporaine.


Encore une fois ici, on a fait preuve de goût. Hors de question de plaquer une structure moderne sur le vénérable pavillon, encore moins de se séparer d'un pignon. La passerelle vitrée s'inscrit exactement dans le cadre d'une ancienne porte; même la margelle est restée d'origine.


Forcément, dans cette partie de la maison tout en métal et verre, l'ambiance est différente. Les larges baies vitrées donnent en toutes saisons l'impression d'être dans le jardin.


Le jardin !
Il est présidé par un magnolia de forte taille...
(Je n'ai pas entendu les sirènes du port d'Alexandrie).
Lors de mon passage, la floraison (mars à juin) était terminée...


Mais j'ai des preuves qu'il fleurit !


Presque cachée par le magnolia, une petite maison sert d'apprenti, mais toujours dans le style !


C'est au fond du jardin, sous l'apparence anodine d'un abri de jardin que se cache notre pépite.


Regardez bien la porte de gauche, intouchée depuis le XIX° siècle, avec ses deux niveaux d'ouverture (bas et haut)... Ça ne vous rappelle rien ?


Un indice peut-être, pour vous mettre sur la voie: ce crochet permettant d'accrocher la bride... 


et ce petit anneau pour y attacher les rênes...


Vous l'avez compris, nous sommes dans une écurie qui n'a pas bougé depuis plus d'un siècle !


Typique d'une écurie, les pavés s'inclinent un peu et se réunissent pour former une évacuation des eaux de nettoyage: 


C'est un petit miracle de trouver une écurie en si bon état d'origine. 
Souhaitons que les travaux apparemment engagés par la propriété voisine ne viennent pas "écraser" - même visuellement - cette fragile construction qui a su traverser les années.
Félicitons les propriétaires actuels qui mettent un soin particulier - et souvent onéreux - à respecter l'histoire de cette maison dans ses moindres détails.


Rue Cantin, Courbevoie (Hauts de Seine).


8 commentaires:

Anne a dit…

Tant d'élégance et de détails raffinés vont ont bien perturbé aussi je peux comprendre , que dans votre esprit, une maison de qualité et de goût si certains puisse devenir maître d'apprentissage... ;)) Où nous voyons l'homme amoureux de restauration particulièrement réussie.
Merci pour cette délicieuse visite, quel plaisir !

Zygelisabeth a dit…

Eh oui quelques pépites ont résisté (pour l'instant) à la bétonisation galopante de Courbevoie, qui fait partie de la Défense... Le Courbevoie d'Arletty a disparu depuis longtemps. Il reste des ilots de jolies maisons.

Tilia a dit…

Grand merci pour ce magnifique reportage. L'écurie au fond du jardin me parle : il y en avait une dans celui de mon enfance, la maison étant les anciens communs d'un hôtel particulier.

Les cabochons de céramique ainsi que les consoles et la balustrade du balcon de cette maison rue de l'Église au Mesnil-le-Roi sont du même style que ce que vous avez photographié à Courbevoie.

Il y a énormément de maisons de ce genre en banlieue parisienne et ça fait des années que je m'intéresse à ces cabochons, qui abondent sur les maisons de la période Art Nouveau, que ce soit en banlieue, ou dans les stations balnéaires.
Et je me pose toujours et encore la question de savoir si le style de ces "villas" fin XIXe-début XXe porte un nom et lequel...

Pour les villes du bord de mer, que ce soit à Deauville ou à Malo-les-Bains, on parle d'architecture balnéaire.
Mais pour les maisons de banlieue (parisienne, ou non) je n'ai rien trouvé. Ou alors je ne l'ai pas noté et j'ai oublié :-(

En sauriez-vous davantage sur ce style ?..
.

Jharvor a dit…

Pour cette période 1870-1900 on parle de style éclectique (avant l'art nouveau). il est basé sur 3 principes que l'on retouve dans ce pavillon et qui sont décrits dans les excellents ouvrages : « A l’apogée de la villa » de Gilles Plum et « Villas balnéaires du Second Empire » du même auteur. dont je me permet de citer des extraits:

"Une sculpture plutôt qu’une forme géométrique" : le bâtiment initial est un pavillon de 1884 de style classique totalement symétrique. La tour-terrasse ajoutée en 1898 transforme le tout en une sculpture: on tourne autour et chaque façade est différente

"Le haut et le bas : le défi et l’abri" : « D’un côté de hauts toits qui peuvent exprimer la fierté, l’aspiration vers le haut mais aussi le défi, de l’autre, des toits assez bas d’une expression plus humble évoquant la sécurité, l’accueil »

"Intérieur et extérieur : une frontière floue" :
« Le débordement des toits délimite un espace extérieur protégé qui crée un intermédiaire entre l’extérieur et l’intérieur de la maison. Cet espace est enrichi par la projection vers le dehors de la surface habitable que sont les balcons et les terrasses... on y est à l’extérieur, mais dans la continuité d’une pièce.."

Manuelle a dit…

Etonnantes et magnifiques écuries dans cet univers faussement urbain !
Détachées du bâti au fond du jardin elles sont bien mises en valeur.
Cette maison comme de nombreuses à Becon les Bruyères a été une résidence secondaire...
Dans les années 30 on recommandait aux insuffisants cardiaques de s'y installer pour y respirer le bon air...
La roue tourne... le vélo un temps détrôné par la voiture est de retour, donc pourquoi pas un jour le cheval et la calèche.... alors préservons précieusement les écuries !

Anonyme a dit…

Très jolie maison, entretenue, dans son jus, avec gout où la construction classique, fin XIXème siècle, côtoie harmonieusement l'architecture d'avant garde. Le jardin derrière est une oasis de paix en pleine ville, bordée à droite par une ravissante petite maison et à gauche par les anciennes écuries, témoignage d'un lointain temps passé où l'automobile n'avait pas encore envahi tout l'espace. Je souhaite à ses heureux propriétaires que cette harmonie perdure le plus longtemps possible sans dénaturation d'aucune sorte.

Sylvie a dit…

Très bien conservée et restaurée avec beaucoup de soin, cette maison bourgeoise de Courbevoie (1884) offre vraiment un rare exemple d’écurie de ville dans son état d’origine : murs de deux tons de brique, imposte vitrée pour apporter de la lumière en hauteur, sol pavé avec caniveau incliné pour favoriser l’entretien, anneau d’attache … Le box de gauche qui ouvre à deux vantaux pouvait abriter un ou deux chevaux. Les voitures hippomobiles occupaient la remise située à côté. Contemporaine de la maison, cette écurie forme un ensemble remarquable avec l’appentis du jardin, également d’époque. Bravo aux propriétaires pour leur goût du patrimoine !
Il est important de noter que le patrimoine équestre a quasiment disparu à Paris et dans la banlieue parisienne. Contrairement à celles des châteaux, les écuries de ville sont rares car elles ont généralement été transformées en garages quand l’usage de la voiture automobile a remplacé celui du cheval. Au début du XXe siècle, Paris comptait chaque matin 80 0000 chevaux qui sillonnaient les rues et étaient logés dans des écuries à plusieurs étages ! Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Claire a dit…

Très jolie villa devant laquelle je me suis arrêtée à plusieurs occasions pour en admirer la restauration. Le style original a été gracieusement préservée pour conserver l’élégance et l’authenticité de de la maison. Les lambrequins et les faïences viennent renforcer cette élégance. Votre article nous fait découvrir le charme du jardin avec son magnolia, son appentis et l’écurie conservée « dans son jus ». Cela donne à cet ensemble une touche très champêtre et authentique au milieu d’un quartier très urbanisé. C’est vraiment délicieux de découvrir cette pépite sous toutes ses facettes. Félicitations aux propriétaires qui ont réussi à préserver le charme et l’authenticité de la villa.
Je vous remercie pour cette article permettant de découvrir avec plus de recul les détails et le charme de cette jolie maison.