Quand super-Matthieu va s'oxygéner les poumons dans les caves champenoises, il n'oublie pas Paris-Bise-Art !
C'est à la limite de la Marne et de l'Aisne, dans le village de Vallées-en-Champagne (anciennement Baulne-en-Brie) que nous nous posons devant une porte de belle allure:
Mais cette porte n'a pas toujours eu une telle prestance; si nous étions venus il y a dix ans, voici ce que nous aurions vu:
Bon, d'accord, c'est une belle porte, mais elle n'a rien de très exceptionnel, vous dites-vous...
Mais que cache-t-elle cette porte ?
C'est ici qu'intervient un certain monsieur Faye - mémoire vivante du village - qui indique "qu'il s'agit d'une porte de prison provenant de la Petite-Roquette, à Paris".
Et voilà l'histoire:
Au 19e siècle, dans nos campagnes, les bonnes mœurs étaient bien définies et on ne badinait pas avec la morale religieuse.
A Baulne, en 1880, un jeune homme fut incarcéré à la prison de la Petite Roquette.
Le délit retenu à son encontre : homosexualité.
Il purgea pour ce fait, une peine d’un an d’emprisonnement.
Dix ans plus tard, suite à la mise en vente des matériaux issus de la démolition de la prison où il avait séjourné, il tint à récupérer ce portail, symbole de sa condamnation.
Et c'est ainsi que notre portail atterrit à Baulne.
Rappelons que les prisons de la grande et de la petite Roquette se faisaient face, chacune d'un côté de la rue de la Roquette.
La prison de la Grande Roquette était le "dépôt des condamnés" qui étaient en attente de déportation ou pire... la guillotine était installée devant la porte de la prison (Clic !).
La prison de la petite Roquette, elle, était une prison conventionnelle. Elle ne sera fermée qu'en 1974.
Comment le jeune homme incarcéré en 1880 et libéré l'année suivante a-t-il pu rapporter dans son village la porte d'une prison démolie en1974 ?
Mon hypothèse est que l'historien local s'est emmêlé les pinceaux entre le petite et la grande Roquette, mais ce n'est qu'une hypothèse !
N'importe, l'histoire est belle, car si un jeune baulnois n'avait pas aimé les garçons, son village ne pourrait pas aujourd'hui se prévaloir de conserver le vestige d'un monument parisien disparu !
Dernier chapitre: ce sont les élèves du lycée Jules Verne de Château Thierry qui ont restauré notre portail; bravo à eux !
Vous pouvez consulter le site de la mairie: Clic !
Vous pouvez aussi visiter le site de La Roquette: Clic !
Merci super-Matthieu de nous avoir emmené si loin !
3 commentaires:
Merci pour cette histoire. Le motif d’incarcération ne peut pas être l’homosexualité : ce n’est plus un crime, en France, depuis 1791. Outrage aux mœurs?
Vous avez certainement raison; j'ai repris les termes de l'historien du village qui n'était probablement pas juriste !
en effet tout ceci est bien curieux
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