lundi 19 octobre 2020

Le Rocher suisse

 Nous sommes en 1857.

La butte Montmartre est alors une colline éventrée par les carrières de gypse; les terrains vagues sont le terrain des gamins et des malfrats...

Rappelons que nous sommes à la campagne; Montmartre ne sera annexé par Paris qu'en 1860.

Tout le flanc est de la butte appartient à un certain Feutrier qui a laissé son nom à une rue toute proche.

Et c'est là qu'un savoyard avisé décide d'acheter un terrain perché et loin de tout au prix modique - même pour l'époque - de 7 francs le mètre carré. Vous noterez que cet homme - monsieur Daudens - était un étranger, son pays - la Savoie - ne sera rattaché à la France qu'en 1860.

Ce terrain se situe entre les rues des Rosiers (auj. Chevalier de La Barre), Sainte-Marie (auj. Paul Albert), et la rue Lamarck qui venait d'être créée.

Le dimanche, on venait sur la butte pour prendre le bon air, se distraire dans les nombreuses guinguettes et admirer la vue sur Paris du haut de plusieurs tours.

Et  c'est ici qu'intervient notre lectrice Hélène GG, grande montmartrologue depuis toujours, qui m'envoie une photographie stéréoscopique daté de 1863 (environ).


Cette espèce de fête foraine qui avait lieu tous les ans nous permet de voir ce chalet en bois qui ressemble fort à un chalet suisse, région fort appréciée de monsieur Daudens et où - nous dit-on - il avait séjourné.
Si - ce que je crois - Hélène a raison, il s'agit de la seule photographie de la première mouture du Rocher suisse; il va sans dire que tout démenti argumenté sera publié !

D'après les descriptions de l'époque, le chalet était aussi suisse que possible; il était entouré de jardins aménagés comme il était d'usage de rocailles et de fausses grottes. On mangeait, on buvait, on dansait, bref on s'amusait !


Le rattachement de Montmartre à Paris et l'installation des grands magasins Dufayel à proximité permirent un essor de tout le quartier et le succès du Rocher suisse ne se démentit pas.

En 1880, monsieur Daudens vendit l'affaire à son gendre, monsieur Dorlancourt qui rasa le chalet et édifia un complexe comprenant salle de bal (avec orchestre), restaurant et salles de sociétés comme on disait à l'époque.





Mais la grande époque était terminée. L'érection du Sacré-Cœur engendra une cohabitation difficile entre le lieu de plaisirs et les religieuses voisines...

Deux ou trois propriétaires se succédèrent encore jusqu'en 1921, quand le rocher suisse fut racheté par une société charitable israélite qui en fit un lieu d'hébergement (toujours en place) auquel on adjoignit une crèche, la "crèche israélite de Montmartre" qui accueille encore aujourd'hui des enfants de toutes confessions. 



Un grand merci à Hélène GG qui m'a permis de faire cet article !

16 rue Lamarck, Paris XVIII°.




4 commentaires:

Anonyme a dit…


Merci pour votre soutien !

Hélène

Hélène a dit…



Merci pour cet article et votre soutien !

Bauju a dit…

D'où l'expression: "freiner des quatre fers"...! (CPA 2331)

JPD a dit…

@ Bauju: Je viens seulement de comprendre (3 heures après) !