mercredi 20 mai 2020

Noël Chadapaux à Paris - Nos lecteurs ont du talent !

On peut, en partant d'un détail insignifiant, dérouler une histoire et répondre à des interrogations. C'est ce qu'a fait fait notre lecteur Matthieu Rubin (aka Super Matthieu). Je lui laisse la parole.

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C’est fou comme une simple plaque d’égout sur un trottoir des Entrepôts et Magasins Généraux (EMGP) à Aubervilliers peut mener à des découvertes passionnantes (du moins pour moi…). Voici donc le regard en question:


La plaque est assez typique, bien évidemment en fonte, mais l’inscription était déjà une preuve de son ancienneté : la police de caractères employée, mais surtout l’absence de référence aux codes de construction ou aux normes « CE », « NF » et leur défilé de chiffres visibles sur les plaques d’égout d’aujourd’hui.
Qui pouvait donc bien être ce « Noël Chadapaux », entrepreneur à Paris ?
On trouve assez facilement la réponse, puisque l’entreprise familiale fondée en 1876 existe toujours :
http://www.chadapaux.fr/
Le siège est visible à Bobigny (toujours le 93, décidément) :


« Depuis 1876 » : ceci confirme que l’on est sur la bonne piste… il faut à présent remonter le temps. Pour cela, rien de tel que les papiers anciens dont certains collectionneurs raffolent et qui regorgent de détails précieux…


Bingo : « Noël Chadapaux et ses Fils », « appareils pour le tout à l’égout » et surtout :
15 rue des Vinaigriers et 65 rue de Lancry
Usine à Louvroil (Nord)

Mais problème : le 15 rue des Vinaigriers n’existe pas…la numérotation de cette rue commence au 23…. Bizarre…
Non, logique : les premiers numéros de la Rue des Vinaigriers ont été renommés « Rue Jean Poulmarch » en 1946.
Et que trouve-t-on, au 15 rue Jean Poulmarch, aujourd’hui ? un bistrot – Paris est une fête !


On constate aussi qu’à l’époque de la jeune entreprise Chadapaux, le 65 Rue de Lancry et le 15 Rue des Vinaigriers étaient contigus, ce qui explique la double adresse en en-tête du courrier :


On voit même très distinctement l’ancienne plaque « Rue des Vinaigriers » sous la plaque apposée en 1946…

Et alors ? Tout ça pour quoi ?
En fait, il n’y a pas seulement un bistrot au 15 rue Jean Poulmarch… A l’entresol subsistent miraculeusement trois enseignes (si, si, regardez bien) !




Parti d’une banale photo de plaque d’égout à Aubervilliers, voilà que l’on découvre, et que l’on redonne une histoire, à trois enseignes incongrues au-dessus d’un bar du Xème arrondissement.

***

Enquête impeccable, bien menée, je n'aurai qu'un mot: bravo !
Et je propose que nous nous levions pour faire à Super-Matthieu une ovation méritée.

 

5 commentaires:

Anne a dit…

CHAdaPAUX ! Passionnante enquête. Merci.

marc a dit…

Superbe enquête
Notre jeune Matthieu ne serait-il pas chartiste?

Tilia a dit…

Cantine de quartier et tout à l’égout, au n°15 il y en a pour tous les goûts :D
Bon travail Matthieu, voilà une enquête menée de main de maître !

Unknown a dit…

Je suis une fille Chadapaux , mon père Marcel Chadapaux fut président directeur général avec ses 2 frères jusqu’en 1976 ,
J’ai bien connu la rue Jean Poulmarch et la rue des vinaigriers où habitait mon grand père Paul Chadapaux au dessus de l’entreprise
Je suis très touchée par votre enquête ,c’est une grande histoire de famille .

JPD a dit…

Merci de ce message touchant !