En cette période où l'actualité prime tout, les reporters de Paris-Bise-Art se déploient sur tous les fronts. Témoin cette visite effectuée par Laurent A. à l'hôtel Claret, boulevard de Bercy:
Une envie bien naturelle le fait descendre au sous-sol où, au lieu de béton, nous découvrons de la belle pierre blonde
Accompagné du directeur - merci à lui - nous faisons le tour de ces caves aménagées en salles de réunion
Avouez que ça a de l'allure
Bon, il est temps de remonter à la surface !
Alors, maintenant, un peu de réflexion:
Sur tous les guides, vous verrez que l'hôtel Claret est un ancien relais de poste.
Or, nous sommes juste en limite du Paris d'avant Haussmann; les malles-poste et autres diligences ont leur terminus parisiens dans des auberges en centre-ville.
Nous sommes à moins de 5 km du centre alors que la distance entre relais de poste est de cinq à sept lieues (oui, les bottes !), soit 20 à 25 km.
On voit mal pourquoi installer un relais de poste à cet endroit...
Last but not least, ce plan de 1834 accolé à celui d'aujourd'hui nous montre qu'avant l'apparition du chemin de fer (1847), le secteur était peu ou pas bâti.
Enfin, dernier point: les relais de poste étaient édifiés sur les grands axes de circulation, or nous nous trouvons sur une voie relativement nouvelle car construite sur les ruines du mur des fermiers généraux (après 1860).
Alors, d'après vous, sommes-nous dans un ancien relais de poste ou pas ?
Se peut-il que Paris-Bise-Art ait raison contre tous les guides ?
À vous de juger !
Je tiens à remercier Juan Serrano, directeur de l'hôtel, pour son accueil.
et merci à Laurent A. !
Addendum 16 mai 2017:
En réponse à notre lecteur Olivier qui suggérait que ce bâtiment aurait pu être l'ancien magasin des fourrages militaires, j'ai fait quelques recherches et je réponds non !
Ce magasin des fourrages se trouvait à l'emplacement du ministère des finances actuels, comme le montre la juxtaposition de ces deux plans (1870 et 2017):
Hôtel Claret, 44 boulevard de Bercy, Paris XII°.
12 commentaires:
Bonjour, vous avez vu la porte cochère qui sert d entrée ? Je pense qu elle servait quand même au passage de voitures hypomobiles..... 😆
Ah mais je suis entièrement d'accord avec vous, il s'agit bien d'une porte cochère qui, comme son nom l'indique, permettait au cocher d'y faire passer un attelage.
Ce que je mets en doute, c'est le fait que nous soyons dans un ancien relais de poste pour les raisons que j'ai dites.
Je ne pense pas qu'il s'agit d'un relais de Poste, pour les raisons très logiques qui ont été dites et un relais de Poste est toujours sur un grand axe de circulation.
Une entrée cochère ne prouve rien puisque tous les moyens de transports étaient hippomobiles et nécessitaient des cours et des écuries pour recevoir les chevaux.
Otto-Mobile.
Je m'interroge sur le lien entre les caves (superbes d'ailleurs) et le relais de poste. Les relais de poste n'ont pas de grandes caves, ce ne sont pas des entrepôts.
Ne serait ce pas l'ancien magasin des fourrages militaires ?
Un sujet militaire et l'enfumage à son propos y serait-ils pour quelque chose ?
Un petit bemol, quand même, à propos de ma réponse.
Il existe à Nanterre, sur la Route Nationale, un lieu dit que l'on appelle : La Boule, diminutif de La Boule Royale. Et sous ce nom existait dans le carrefour un relais de Poste. Ce dernier n'est guère qu'à 10 Km du centre de Paris....
Otto-Mobile.
Le relais de Nanterre était situé à mi-distance de Paris et de St-Germain-en-Laye, étape sur la route de Paris à Caen par Evreux. Faire Paris-St-Germain sans relayer aurait été trop dur pour les chevaux. (Livre de poste: ou état général des postes du royaume de France, en livre numérique sur Google).
@ Olivier: J'ai fait un addendum pour répondre à votre question.
La rue de Bercy n'a jamais été un grand axe de circulation : quand la Seine était sage, on longeait la Seine le long du quai de la Rapée, depuis la patache et l'octroi de la Rapée jusqu'au pont de Charenton. L'autre grand axe était, depuis les Romains, la rue de Charenton, protégée des crues de la Seine sur les coteaux de son lit. La rue de Bercy était juste une voie qui a desservi les folies et maisons de plaisance du 18e siècle mais qui butait ... sur le domaine du Château de Bercy (que vous présentâtes bellement, cher JPD !). L'ilot Bercy-Chambertin figure comme construit sur la carte de Zakrzewski (présente sur Gallica) de 1842 (ce que confirme la carte de datation des maisons du coin, entre 1800 et 1850), soit entre la construction des fortifs à partir de 1840 et l'extension de l'octroi à ceux-ci en 1860 (Les Chais de Bercy obtinrent un report puis un régime d'exception : le vin y entrait non-taxé et en ressortait taxé s'il était vendu dans Paris. Par contre, ces chais ont commencé à gangrener les domaines des folies et maisons de plaisance (abandonnées par des aristocrates et grands bourgeois bousculés par la Révolution) à partir du milieu du 19e siècle. L'hôtel Claret a donc plutôt du être construit dans cette dynamique pour accueillir les chalands et négociants apportant le vin (et d'autres choses : du bois pour les chantiers de la Rapée, par exemple) par la Seine (le wagon-foudre ne se développera guère qu'à partir du 20e siècle).
Je suis passé ce jour dans cet hôtel, le directeur est nouveau et aussi passionné d'histoire que son prédécesseur. Les salles voutées sont superbes et, sur un plan professionnelle, très agréables pour des séminaires car parfaitement aérées et climatisées.
Je ne comprends pas pourquoi le fait que ce relais de poste aurait été situé en limite de Paris plutôt qu'en plein centre serait un problème. On peut très bien imaginer que, pour éviter les embarras de la circulation (qui existaient déjà au XIXe siècle), on ait préféré implanter le départ des malles-poste aux limites de la ville. Il faudrait consulter la littérature et les témoignages de l'époque pour éclaircir le sujet.
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