mercredi 31 octobre 2018

Beaupassage

Sooo chic !
Là où naguère se trouvait un garage Renault, s'est ouvert il y a peu "Beaupassage", une sorte de galerie commerciale à ciel ouvert au milieu d'une grosse opération immobilière... Entrons !
Entrée discrète boulevard Raspail:


C'est à Eva Jospin que l'on doit la décoration de cette entrée:


Toutenkarton !


 Quelques languettes d'herbe donnent l'indispensable côté végétal !
Le faux arbre au milieu s'appelle 'l'arbre neuronal"; c'est une oeuvre de Marc Vellay.


 Toutes les boutiques se ressemblent, c'est contemporain donc froid et anguleux.


Ça ressemble à un gros jouet mais c'est une oeuvre d'art: Les mangoustes de Beauvais de Stefan Rinck. Je vous fais grâce du cartel qui tartine en tout plein de mots filandreux des explications absconses...

 


Ici ce passage mène à la rue du Bac:





Comme échappés du monde des vivants, ces deux poutres en bois ont été recouvertes de peinture blanche pour ne pas choquer l’œil des sachants. 


Ici un vaste espace (ancienne chapelle ?) qui a été soigneusement entresolé afin de gagner de précieux mètres carrés.



Lisez s'il vous plait le cartel ci-dessous et dites-moi si je suis normal de ne voir dans ce mur peint qu'un mur peint !
Il y a des gens qui sont payés pour écrire ça ????



Cette vieille borne répond-elle aux nouvelles normes ?


Ici, même le boulanger est mégalo !



Ici la viande est au prix du caviar, mais elle vient de plus loin !



Cette déco digne d'une vitrine de supermarché est aussi une oeuvre d'art... Trop d'art me fatigue !!
Cette sortie donne sur la rue de Grenelle:


Je sais bien qu'on est dans le septième, mais je préfère les vrais commerçants de la rue de Grenelle ou de la rue de Sèvres.
Ah ! un dernier détail qui vous fera, j'en suis sûr, aimer ce lieu: le café est à 4,20 € !

53-57 Rue de Grenelle et 14 boulevard Raspail, Paris VII°.

lundi 29 octobre 2018

Collection Debuisson: la deuxième mort de Roxane.

En juin dernier, une grande dame nous quittait (Clic !).
Tous les amoureux de Paris s'interrogeaient sur le devenir des collections accumulées tout au long d'une vie... Qu'allait-il advenir de ces pièces irremplaçables que des étudiants et des chercheurs venaient admirer dans le grand appartement du boulevard Henri IV ?
N'était-il pas raisonnable de penser qu'une ville comme Paris pouvait, par l'un de ses bras armés, sauver et préserver ce legs unique ? 
N'eut-il pas été formidable d'ouvrir au sein du Musée Carnavalet une "salle Roxane Debuisson" regroupant l'ensemble de ces témoignages ? 
N'eut-il pas été raisonnable que l'on confiât à la Bibliothèque historique de la ville de Paris l'ensemble des "vieux papiers" (cartes, courriers, factures, etc...) témoignant de l'activité des parisiens ? 


Pour ce qui est de la collection des "vieux papiers", comme aucune bibliothèque, aucune université française et encore moins la mairie de Paris n'ont manifesté le moindre intérêt pour ces richesses, c'est à une université américaine que le trésor va échoir.
De son vivant déjà, Roxane m'avait confié qu'elle était en pourparler avec des universitaires américains; à l'époque, c'est l'UCLA (University of California, Los Angeles) qui tenait la corde.

Quant au reste, c'est-à-dire tout ce qui garnissait les pièces de son appartement à quoi il convient d'ajouter les réserves, une vente va être organisée et cette collection unique sera dispersée sous le marteau d'un commissaire-priseur.
Je peux témoigner que Roxane aurait préféré donner sa collection si elle avait été certaine que celle-ci ne serait pas dispersée...
Le musée Carnavalet (appartenant à la ville de Paris), contacté depuis longtemps, s'était dit "pas intéressé"... 

Encore une fois, une opportunité d'enrichir à bon compte les collections patrimoniales de la ville de Paris a été perdue, les parisiens de cœur ne verront jamais ces pièces uniques, et tout ça dans le silence assourdissant d'une mairie de Paris qui se fout du patrimoine comme de sa première chaussette ! 

Hôtel de Saint-Chaumond

Si vous vous promenez rue Saint-Denis le dimanche, vous verrez une grille fermée au numéro 226:


Alors, vous reviendrez le lendemain (si c'est un jour ouvrable) et vous trouverez la porte ouverte.
L'entrée a connu des jours meilleurs; on lit encore des publicités témoignant de ce qui fut l'activité principale du quartier, le textile.


Nous arrivons dans une première cour, insignifiante (même pas une pierre à bois):


Nous passons dans la deuxième cour, tout en longueur.


Et c'est au fond de cette cour que se cache un joyau, l'hôtel des dames de Saint-Chaumond.
Ce nom provient du marquis de Saint-Chaumond qui fit construire cet hôtel en 1635. Lorsque la congrégation des Filles de l'union chrétienne s'installa ici en 1685, il fut décidé d'ajouter à leur nom le nom de Saint-Chaumond. Le couvent fut fermé et vendu en 1790.


Cette vue aérienne vous expliquera l'implantation de notre hôtel.
La ligne bleue figure notre itinéraire de la rue Saint-Denis (à gauche) au boulevard de Sébastopol (à droite). L'hôtel de Saint-Chaumond (cercle rouge) est prisonnier des autres bâtiments; le percement du boulevard de Sébastopol (en 1854) lui a rasé les moustaches (et le jardin).


Il a beau avoir été surélevé, la façade sur cour a encore belle allure:


La grille se pousse du col depuis qu'elle a été repeinte en or... 





Nous nous retournons sur le chemin parcouru avant de pénétrer dans l'hôtel.


L'intérieur est d'une banalité affligeante: un simple couloir traversant de part en part. Les sœurs en effet hébergeaient nombre de femmes seules et elles avaient supprimé les pièces de réception ainsi que le grand escalier afin de gagner de la place...


Et nous ressortons par la façade "sur jardin" qui présente un bel arrondi en partie centrale: 


Une telle harmonie ne peut être que le fruit du travail d'un grand architecte, non ?
Vous avez raison, il s'agit de Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, le petit-fils de Jules !


Miracle: les ferronneries ont été repeintes !



Si nous nous retournons, nous nous heurtons à l'immeuble de rapport qui fut construit lors des grands travaux du baron Haussmann à l'emplacement des jardins:


Compte tenu du vis-à-vis, on s'est senti obligé de faire un effort pour la façade sur cour !



L'immeuble débouche sur le boulevard de Sébastopol (porte ouverte aux jours et heures ouvrables).
Avez-vous déjà vu un numéro aussi mignon ?
Bon, mignon, d'accord, mais faux: nous sommes au 131 !


131 boulevard de Sébastopol et 226 rue Saint-Denis, Paris II°.

Ivry - Danger sur les jardins ouvriers !






Danger sur les jardins ouvriers (du fort) d’Ivry-sur-Seine…

Les premiers jardins ouvriers français ont été créés à la fin du XIXe siècle par l’abbé Lemire, député maire d’Hazebrouck, en s’inspirant de ce qui existait déjà dans d’autres pays européens. Son association, la Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer fut créée en 1896 pour permettre à aux ouvriers, qui en étaient dépourvu, de cultiver malgré tout un lopin de terre afin d’améliorer leur ordinaire alimentaire. À Ivry-sur-Seine, autour du fort, quelques centaines de parcelles sont ainsi louées pour une somme modique, à autant de jardiniers amateurs qui profitent ainsi d’un petit coin de campagne à deux pas de Paris, et qui plus est quasiment au pied du métro… si ce n’est la côte à gravir menant au fort. Ces jardins à la localisation particulière sur l’instigation du pharmacien Gustave Marque et qui nous intéressent pour cette raison, furent inaugurés en 1909 par l’abbé Lemire lui-même. Tandis qu’en juillet 1913, le tout nouveau président de la République Raymond Poincaré visita ces lieux bucoliques.






Si nous vous parlons de cet espace végétalisé par une population civile en terrain militaire, c’est que celle-ci n’y est plus tolérée, ou plus exactement autorisée, et qu’un danger bien plus grand semble menacer le site. En effet, le ministère des Armées vient d’interdire l’accès au terrain que les cultivateurs du dimanche (sans que ceci reflète un quelconque sens péjoratif) refusent de quitter, pour ne pas laisser carte blanche à l’ennemi. Il s’avère qu’en 2006 une fuite d’eau à partir d’un tuyau a provoqué l’affouillement du sol, et là, oh surprise, l’Inspection des carrières a révélé que le sol pourrait être sous-miné par d’anciennes exploitation souterraines de calcaire, ce qui eut pour conséquence le non renouvellement de l’autorisation d’occupation temporaire… qui durait depuis cent ans sans qu’il y ait eu le moindre accident. Une cartographie fut alors effectuée, délimitant des zones rouges, qui ne concernent au final qu’une poignée de jardins parmi les 250 potagers qui occupent les douves et les glacis du fort. Pourtant c’est une interdiction totale et ferme qui fut prise par l’autorité militaire menaçant tout contrevenant d’un an de prison et 15 000 € d’amende. Certains osent imaginer que ces sept hectares de terrains vierges de toute construction à 3 km de paradis ne soient en fait sous l’œil de promoteurs immobiliers pour lesquels combler les vides par du béton sous ces terrains ne seraient qu’un maigre investissement par rapport aux bénéfices qui s’en suivraient en cas de constructions de logements ou de bureaux. L’armée souhaite en tout cas se débarrasser de ce problème en revendant les terrains à la municipalité d’Ivry-sur-Seine. À suivre…
Notons qu’en 1992, Ségolène Royal, l’alors ministre de l’Environnement, labellisa ce site qui avait été déclaré l’année d’avant « Espace naturel sensible » par le Conseil départemental du Val-de-Marne ; comme quoi certains mots peuvent avoir un double sens !
Le site Internet de l’association des jardins ouvriers d’Ivry : http://www.jardins-ouvriers-ivry.com qui a décidé de faire signer une pétition OUI aux jardins ouvriers du fort / Non à tout projet immobilier : https://www.unepetition.fr/oui-aux-jardins-d-ivry.


vendredi 26 octobre 2018

Un escalier rue de Turenne

François Villedo, "entrepreneur général des œuvres de maçonnerie des bâtiments du roi" reçoit de son père Michel Villedo ce terrain où, en 1661, une maison est attestée.
Cette maison a retenu l'attention de notre lectrice Fati qui nous en envoie les images.


Une mansarde à poulie qui a perdu sa poulie !


Y avait-il des boîtes à lettres sous l'ancien régime ?



C'est à droite au fond que s'ouvre l'arcade donnant accès à l'escalier:


Non mais, regardez-moi cet escalier !



Ce faux pilier en ferronnerie se nomme une gaine de départ:


Mais vous imaginez le travail ?


Après la première volée admirable, changement d'ambiance, la rampe se transforme en garde-fou très ordinaire:



Après ce premier étage décevant, la rampe grimpe jusqu'au sommet (trois étages), mais elle est désormais en bois !


Initialement, la rampe en fer forgé allait jusqu'au premier étage - l'étage noble - puis elle continuait son chemin en bois avec une rampe à balustres classiques.
Qu'est-il arrivé au premier étage ? Un incendie ? Nobody knows...


Vous ai-je dit que j'aimais les escaliers ?



Fati termine par une énigme que je suis bien incapable de résoudre: qu'est-ce que ce petit machin qui sort du mur et qui ressemble à un décrottoir ou à un étrier ? Mystère...
Nous comptons sur le lectorat le plus cultivé du ouaibe, merci !


Un grand merci à Fati !

42 rue de Turenne, Paris III°.