Difficile de retrouver le style simple et classique de Jules Hardouin-Mansart dans cet hôtel "néo-baroque italo-espagnol" surchargé de sculptures en tous genres...
Nous sommes devant l'hôtel Fieubet qui abrite aujourd'hui l'école privée Massillon.
Après divers propriétaires, l'hôtel échoit après 1815 à des industriels raffineurs de sucre. L'hôtel devient usine avec cheminées, chaudières et ateliers installés dans de nouveaux locaux bâtis même dans les jardins à la française !
En 1857, c'est le comte de la Valette qui rachète l'hôtel; c'est lui qui, faisant appel à Jules Gros, rendit à l'ensemble sa splendeur passée, mais au lieu de s'arrêter, continua à surcharger le bâtiment de sculptures, de clochetons, de cariatides, de balustrades et de mascarons qui donnent encore aujourd'hui ce style baroque excessif.
Mais des revers de fortune amenèrent M. de la Valette à abandonner son hôtel qui en plus, fut en partie détruit pendant la Commune.
En 1877, l'école Massillon rachète notre hôtel; elle s'y trouve toujours.
Les rajouts de Jules Gros.
À l'arrière de l'hôtel, on trouve un grand quadrilatère sur lequel étaient jadis dessinés les arabesques d'un jardin à la française.
Sur cette vue de 2004, on voit la cour de récréation et deux petits bâtiments de plain-pied avec leurs toits de tuiles rouges.
Sur cette vue de 2017, tout a été rasé !
Certains ont même rêvé de réimplanter un jardin à la française...
L'état actuel avec la nouvelle construction:
À présent plaçons-nous à l'intersection de la rue des Lions Saint-Paul et de la rue du Petit Musc.
Voici ce que nous voyions il y a quelques années: un haut mur cachant les petits bâtiments aux toits de tuiles et la cour de récréation. La face arrière de l'hôtel était quasi-invisible.
Et voici grâce aux travaux la magnifique façade "sur jardin" de l'hôtel Fieubet. Si l'on excepte le clocheton (qui fait partie des rajouts), on reconnaît bien là l'harmonie classique et rythmée de Jules Hardouin-Mansart.
À gauche de la façade, cette échauguette était - dit-on - un oratoire.
Et voici ce que nous voyons maintenant:
J'étais, je l'avoue, assez décontenancé devant l'allure très "Centre Pompidou" de cette bâtisse. Pour tout vous dire, je me suis permis d'interroger le chef de chantier afin d'avoir confirmation que cette... chose était définitive; je pensais que c'était des Algeco de chantier !
Voila donc ce qu'on construit aujourd'hui à Paris, en plein secteur sauvegardé du Marais, devant un hôtel particulier signé Hardouin-Mansart...
L'architecte qui a signé cette horreur et dont je me refuse à écrire le nom habite un immeuble XIX° en pierre et briques tout ce qu'il y a de plus parisien !
***
Addendum 13/12/18
Notre lecteur Gaspard Landau nous envoie ceci:
L'école Massillon avait déjà fait preuve de 'modernisme' dans les années 1930 en faisant édifier de l'autre côté de la rue, en face des cages qui occupent désormais la cour, une annexe toute de béton vêtue en lieu et place d'un ancien hôtel.
Sur cette histoire, je me permets de renvoyer sur ce lien: Clic !
Allez voir son blog, il est passionnant !
2 bis, quai des Célestins, Paris IV°.
8 commentaires:
A l'Ecole Massillon il semble nécessaire de mettre en cage les oisillons et volatiles plus âgés, auraient-ils peur qu'ils ne s'envolassent?
Et le grand prix de l'imparfait du subjonctif va à Anne ! Bravo !
Le sujet a été traité à plusieurs reprises en commission du vieux Paris. A noter que la commission avait fini par accepter après 15 ans de procédure, en demandant que le mur de clôture du jardin, d'origine, soit écrêté pour revenir sa hauteur initiale et mieux apercevoir la façade de l'Hotel, et conservé. On constate qu'il n'a été ni conservé (il est refait en agglo) ni écrêté.
La source est ici https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=2ahUKEwi106j-w5rfAhUGKBoKHW0qCK0QFjAAegQICRAC&url=https%3A%2F%2Fapi-site-cdn.paris.fr%2Fimages%2F111008.pdf&usg=AOvVaw3cNxlcG-RPtvMWh-PIXjaB
L'école Massillon avait déjà fait preuve de 'modernisme' dans les années 1930 en faisant édifier de l'autre côté de la rue, en face des cages qui occupent désormais la cour, une annexe toute de béton vêtue en lieu et place d'un ancien hôtel.
Sur cette histoire, je me permets de renvoyer sur ce lien https://ruebeautreillis.blog/2017/12/03/histoires-dimmeuble-5/
... petit rectificatif. Si la façade de cette annexe est bien de couleur gris béton, elle n'en est pas moins de pierre (Serrigny rosé bouchardée. Mais où est passé le rosé ?).
L'hôtel n'a été que remanié en 1857 par Jules Gros et n'aurait été que "rénové et décoré par le Sueur et Vicotte suivant des plans de JH Mansart" après 1676 pour Fieubet. La jolie échauguette pourrait donc dater de la demeure de Raymond Phelypeaux, seigneur d'Herbault, construite "à la fin du XVIe siècle" à l'emplacement d'une partie de l'ancien hôtel royal St Pol cédée en 1519 par François 1er. selon la pelle à Starck accolée au bâtiment. Ce serait assez dans le style de cette époque d'avant le tout à l'égout, où les échauguettes n'étaient rien d'autre que des latrines ... sur rue !
Cher Gaspard , le grand barde n'a malheureusement pas la réponse à cette question primordiale
" Mais où est passé le rosé ? "
JPD ,répondez
Mais vous n'avez pas honte ?
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