mercredi 21 septembre 2016

La sauvegarde de l'art français

Il était une fois un célèbre ornemaniste* nommé Michel-Victor Cruchet qui, en 1853, racheta et fit réaménager l'immeuble que nous visitons aujourd'hui au 22 rue de Douai.
Il installa ses ateliers dans la cour, ainsi qu'un magasin d'exposition (en français show-room) au rez-de-chaussée. Le show-room, nous le connaissons déjà: PBA vous y avait convié pour une soirée coquine en 2013 (Clic !), c'est le café Carmen.
Michel-Victor Cruchet fit aménager dans les étages plusieurs appartements de rapport qui abritèrent des locataires prestigieux: Georges Bizet, la famille Halévy ou Eugène Delacroix, mais il se réserva l'étage noble, le premier au-dessus de l'entresol comme on disait alors.

*Décorateur-designer-architecte d'intérieur


Les parties communes de l'immeuble étaient une exposition permanente des réalisations "maison".



Un porche d'immeuble digne d'un hôtel particulier.
Le grand vitrail - aujourd'hui occulté - laissait voir le magasin d'exposition adjacent, aujourd'hui le Café Carmen.


Nous montons au premier au-dessus de l'entresol; l'appartement de Michel-Victor Cruchet est "dans son jus". Si l'on oublie les écrans d'ordinateurs, nous sommes revenus sous le second empire. 



Rien à voir avec un loft ! Des kilomètres de couloirs distribuent ce vaste appartement biscornu:


Le bureau directorial de l'association "Sauvegarde de l'art français" est installé dans l'ancien salon.


Des toiles peintes encadrées de boiseries ornent les angles de la pièce



Le plafond est orné de moulures et de rinceaux d'apparence bien classique. Mais ce n'est pas du staff, ces décors ont été exécutés selon la technique du carton-pierre, en vogue à l'époque.


Dans la salle à manger adjacente, une surprise nous attend...


Au plafond, dans un cadre circulaire, cette magnifique peinture.
Il s'agit d'une oeuvre de Simon Vouet, Aurore enlevant Céphale.
Cette œuvre n'a été authentifiée que récemment par Pierre Rosenberg.  


Mais contrairement à ce que la forme de l'encadrement pourrait nous laisser penser, il ne s'agit pas d'un tondo. Si vous regardez bien cette photographie, vous verrez la forme rectangulaire initiale de la toile; celle-ci a été "agrandie" pour remplir le cadre.


Nous continuons notre déambulation dans cet appartement qui, rappelons-le, est aujourd'hui un lieu de travail.


Chaque détail montre ce dont était capable l'entreprise



La bibliothèque sert aujourd'hui de salle de réunion




Ce plafond lui aussi est exécuté selon la technique du carton-pierre


Alors, bien sûr, on voudrait pouvoir admirer plus souvent de telles merveilles, mais comme je l'ai dit, ces locaux sont le siège d'une association: La sauvegarde de l'art français.


Cette année pour la première fois, des visites étaient permises lors des journées du patrimoine. Souhaitons que cette expérience soit renouvelée et, pourquoi pas, étendue.


Je ne saurais trop vous recommander de visiter le site de cette association qui œuvre utilement pour le patrimoine français: Clic !


22 rue de Douai, Paris IX°.

3 commentaires:

Anne a dit…

Un article passionnant et plein d'enseignement: tondo, technique du carton-pierre; merci pour l'ouverture sur cette
association.

le grand barde de PBA a dit…

dire que j'ai travaillé deux ans et demi au 60 de cette rue dans l'ancien cinéma , c'est la raison pour laquelle vous êtes indispensable
sinon grosse catastrophe , la maire de Rome soucieuse des deniers publics a décidé de jeter l'éponge dans la course aux JO
et bien ça va donner un sacré coup de fouet à l'Amère Anne pour essayer de nous les obtenir et un candidat en moins
pas de bol

marc a dit…

si les journées du patrimoine sont une invention géniale, force est de constater que les programmes du ministère de la culture (que cela soit le site internet ou le journal à récupérer aux bons enfants) sont de moins en moins exhaustifs: aucune indication sur ce site de la rue de Douai et j'en passe pour d'autres comme le pavillon de butard ou st vincent de Paul et sa chapelle.