mardi 5 mars 2024

Enigme de la Saint Casimir : la réponse.

 Dès les années vingt, le département de la Seine établissait un programme de suppression des passages à niveau dans son domaine. Heureuse époque où les élus travaillaient pour faciliter les déplacements... suivez mon regard !

Il faut se souvenir qu'à l'époque, les voies ferrées étaient toutes établies au niveau du sol et croisaient donc les routes à niveau. Devant l'accroissement des besoins en déplacements, des travaux lourds étaient donc nécessaires.

Posons-nous à Gentilly, dans la très proche banlieue sud, où la ligne de Sceaux - ancêtre du RER B - devait impérativement disparaître de la surface. On établit donc un passage en souterrain des voies ferrées sans interrompre le trafic.

Regardez ces cartes postales du passage à niveau de la rue de Montrouge, à Gentilly: 




C'est ici qu'eurent lieu d'énormes travaux de terrassement. Et à l'époque, pas de bouclier ! Tout était fait à la main; je vous laisse imaginer les conditions de travail...
Des victimes furent à déplorer bien sûr, qui ne faisaient pas la une des journaux... Alors, pour que leur sacrifice ne soit pas oublié, leurs camarades faisaient fabriquer de petites plaques émaillées à leur nom, qu'ils apposaient dans le tunnel sur le lieu de l'accident.
Et ce sont ces plaques que Gilles Thomas nous a proposées, ainsi que les encarts parus dans la presse (merci Gallica).





On observera que les patronymes de la plupart des victimes ont une sonorité étrangère - italienne et espagnole en majorité - à l'image de ces populations venues chercher en France une meilleure situation et qui trouvèrent la mort sur nos chantiers...

Merci à Gilles Thomas qui nous a fourni une belle énigme !

Bravo à Nina qui a trouvé presque tout !

Bravo à tous les neurones qui ont transpiré en chœur ! (ça transpire un neurone ?)

Enfin, mon petit doigt me dit que la suite de cette histoire paraîtra prochainement dans l'excellent magazine Historail.


***



8 commentaires:

Miranda la souris du métro a dit…

Très intéressant, mais !

Tu dis qu'il n'y avait pas de bouclier... alors il faut apporter des précisions.

La première construction d'un tunnel avec usage d'un bouclier date de 1825 à Londres, par l'ingénieur Marc Isambard Brunel (1769-1849). Toutefois l'abattage de la roche se faisait manuellement.

C'est cette méthode qui a permis de construire le tube de Londres, d'où son nom et son gabarit très réduit !

Le premier véritable tunnelier moderne fut expérimenté avec succès lors du forage du tunnel sous la Manche, en... 1882. Mais les travaux furent vite abandonnés, vu la frilosité des Britanniques !

Rappelons qu'un nouveau tunnel sous la Manche fut mis en chantier durant les années 1970, avant d'être à son tour abandonné, après la faillite de l'État britannique géré par les Travaillistes...

La troisième tentative de la fin des années 1980 fut enfin la bonne ! Les curieux (comme moi) peuvent aller voir les vestiges des précédents chantiers à Sangatte... :-)

Mais revenons à notre tunnelier !

Le tunnelier que l'on connaît aujourd'hui, doté son immense roue de coupe et de ses petites dents (comme les souris), fut mis au point aux USA durant les années 1950 par l'ingénieur James Robbins.

Cette superbe machine, de plus de 125 tonnes (oui, belle bête !), gère l'attaque de la roche, l'évacuation des déblais sur un tapis roulant, et même la pose automatisée des voussoirs pour la construction du tunnel !

Ce tunnelier Robbins fut utilisé la première fois en France en 1964, pour la construction du métro régional Est-Ouest (futur RER A) à Paris.

Voilà les précisions indispensables apportées par les souris du métro.


Enfin, nos meilleurs élus parisiens travaillent pour faciliter les déplacements... des gueux à vélo !

Bien entendu, les leurs se font uniquement en automobile et en avion, c'est tout de même plus confortable pour le derrière délicat de la Nomenklatura !

Anonyme a dit…

Merci pour cette page émouvante de la petite histoire
Danielle

Nina a dit…

Très intéressant et rendons hommage aux victimes du travail.

Nina a dit…

Hommage aux victimes du travail.

le grand barde a dit…

Oui rendons leur hommage , près de 50 personnes sont mortes d'un accident du travail depuis le début de l'année

Anonyme a dit…

Victimes d'accidents du travail : je suis bien d'accord avec Nina (que je salue au passage pour sa persévérance et son intuition) une journée internationale pour leur rendre hommage serait souhaitable.

Coïncidence hier, sur un chantier du métro de Toulouse, l'effondrement d'une travée d'un pont en construction a fait un mort et trois blessés :
https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/accident/accident-sur-le-chantier-d-un-metro-pres-de-toulouse-les-enqueteurs-etudient-la-piste-d-une-rupture-d-un-verin_6405121.html

Tilia

Bauju a dit…

Otez-moi d'un doute!
Les CPA datent de 1912, les galeries boisées d'avant 1900,
le bouclier dès 1900, et la mise en tranchée des stations
Gentilly et Cité U (ex-Sceaux-ceinture) reliées par un tunnel,
des années 1930, où existaient des grues, des butons,
et des parois berlinoises...
Ce qui n'empêchait malheureusement pas les accidents!

JPD a dit…

Merci Bauju, belles recherches !