Lorsque Super-Matthieu pose son regard sur un morceau de rail, il lui vient des souvenirs...
Encore une fois, cet article ne nécessitant pas ma présence, je lui cède le micro !
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D’une guerre franco-allemande à l’autre : les aciéries de Micheville, dépôt d’Aubervilliers.
Souvenez-vous : nous avions découvert un bien curieux monument érigé au cœur des Magasins Généraux de la Plaine Saint Denis (Clic !), et constitué de rails de récupération, rappelant l’histoire industrielle des lieux et leur réseau ferré.
Sur ces rails en acier, on peut encore lire cette inscription : « Micheville ».
Créée à Villerupt (Meurthe-et-Moselle) en 1872, ce qui était alors la société Ferry-Curicque faisait partie des nombreuses entreprises sidérurgiques de la Lorraine, dont le sous-sol regorgeait du minerai de fer indispensable à l’élaboration de l’acier.
Rappelons qu’alors, l’Alsace ainsi qu’une partie de la Lorraine venaient de devenir Allemandes : ce ne fut toutefois pas le cas des villes de Thil et de Villerupt grâce à Augustin Pouyer-Quertier, ministre des Finances d’Adolphe Thiers et négociateur du traité de paix à Versailles, en février 1871. Principal actionnaire des Forges de Villerupt, ce généreux plénipotentiaire totalement désintéressé saura intriguer auprès de Bismarck afin que les villes de Thil et de Villerupt ainsi que leurs aciéries demeurassent du côté Français de la nouvelle frontière !
Ferry-Curicque devient en 1914 la Société des Aciéries de Micheville. D’un conflit l’autre : la première Guerre Mondiale verra l’usine de Villerupt, qui exploitait six hauts-fourneaux, fortement endommagée par les bombardements. Le site industriel sera reconstruit dès 1918, porté par la forte demande liée aux travaux de reconstruction et d’industrialisation de la France victorieuse.
La Plaine Saint Denis est alors une zone industrielle en plein essor : entre Aubervilliers et Saint Denis, de nombreuses usines viennent s’implanter de chaque côté du Canal, et le port de Saint Denis devient un important nœud de transit pour marchandises.
C’est dans ce contexte que les Aciéries de Micheville installent leur dépôt d’Aubervilliers, au 85 boulevard Félix Faure. Le site, profondément remanié en 1934, comprend un bâtiment administratif sur rue, des halles de stockage, et des portiques de déchargement permettant (entre autres) de manipuler les lourds rails d’acier produits en Lorraine, et dont certains serviront à construire et entretenir le Chemin de Fer Industriel de la Plaine Saint Denis qui desservira bientôt 140 hectares à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.
A cette adresse on trouve aujourd’hui une succursale de La Plateforme du Bâtiment, qui utilise toujours ces halles historiques pour l’entreposage de leurs matériaux.
Côté canal, les portiques ont quant à eux été démantelés en 2010. Il en reste quelques photographies sur l’excellent site dédié au Patrimoine séquano-dyonisien : Clic !
Pour les cinéphiles, on aperçoit ces mêmes portiques dans le film « Le Marginal » lors de la scène de poursuite en Ford Mustang conduite par Jean-Paul Belmondo sur les berges du Canal Saint Denis entre Aubervilliers et la place Stalingrad (magie du cinéma ).
Il reste toutefois une ultime trace des Aciéries de Micheville, gravée au fronton du bâtiment administratif, et bien visible sur le Boulevard Félix Faure :
Déambulant sur ce boulevard de banlieue au riche passé, levez les yeux et vous ferez un voyage dans le temps, de 1871 à nos jours, en passant par 1918… souvenez-vous des mineurs lorrains, des ouvriers des hauts fourneaux, des travailleurs du fer et de l’acier d’hier et d’aujourd’hui…
Et vive la Commune !
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Un grand merci à Matthieu pour cette remontée dans le temps passionnante !
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4 commentaires:
passionnant et reportage très bien construit
On est où exactement à St Denis ou à Aubervilliers?
Super Matthieu parle en effet du patrimoine sequano-dyonisien mais le dépôt s'appelle Aubervilliers.
Je pense que c'est aubervilliers cependant car si les 2 villes ont un boulevard F Faure, un seul est vers le canal, celui d'aubervilliers
Bonjour Marc. Nous sommes bel et bien à Aubervilliers, la bonne ville de Jack Ralite et Pierre Laval, tous deux anciens maires et ministres.
L'épithète "séquano-dyonisien" désigne ce qui est relatif à la Seine-Saint-Denis.
Mais bien sûr, c'est la fatigue du télétravail...
il faut que j'y passe, j'avais zappé ce bâtiment et son histoire
encore merci
Jean Paul devait être affligé par ce commentaire d'où son absence de réaction
Un ancien de Micheville a appris des choses grâce à vous,
Ex sidérurgiste qui a vu son usine et les autres usines disparaitre , la race au coeur.
Et merci de penser à tous ceux qui ont travaillé, ont été mutilés, sont morts à laminé ou à l' usine.
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