vendredi 29 mai 2015

A la recherche du passage des deux soeurs

Cette photographie prise en 1866 par Charles Marville a été publiée récemment sur l'excellent site VERGUE ( Clic ! ). Elle m'a poussé à aller traîner dans le passage des deux sœurs pour tenter de retrouver cette ancienne voie amputée par les grands travaux du second empire.
  

La partie sud du passage a peu changé :


Ce plan que j'emprunte au site VERGUE superpose les voies telles qu'elles étaient en 1830 et telles qu'elles sont à présent. On voit que le passage des deux sœurs commençait au sud rue du faubourg Montmartre, et terminait au nord rue Coquenard ( actuelle rue Lamartine ).


Cette capture d'écran Google maps nous permet de visualiser notre passage aujourd'hui. Parcourons-le. J'ai ajouté des repères pour mieux nous situer (chiffres rouges).


L'entrée sud n'a pas changé, même si une grille assure désormais une certaine tranquillité (Repère 1).




Nous remontons vers le nord (Repère 2).



Le débouché sur la rue Lafayette est plutôt brutal (Repère 3).



La rue Lafayette et la rue de Châteaudun ont coupé notre passage. Cependant, si l'on regarde vers le nord, on voit très bien la tranchée rectiligne entre les immeubles... Notre passage n'a donc pas totalement disparu ! (Repère 5)


A moins de posséder un drone, difficile de pister notre passage ! Cependant, après quelques tâtonnements, la rencontre du responsable de la salle de sports du 26 rue Buffault nous permet de voir le cheminement de l'ex-passage à travers une vitre (Repère 6) ; merci à lui !



Nous revenons à l'entrée du supermarché Franprix (Repère 5). Le directeur du magasin a fait des études d'architecture, il est donc passionné par mes recherches.
Hélas, l'intérieur du magasin ne présente pas un grand intérêt, à part un surprenant repère de nivellement juste derrière une caisse ! Il a été "privatisé" en même temps que le passage ; c'est probablement le seul repère de nivellement parisien situé à l'intérieur d'un bâtiment.


La partie nord du passage est coincée entre une synagogue, une école et un bureau de poste, autant dire qu'elle est inaccessible. Cependant, au 11 rue Lamartine, un imposant rideau de fer marque le débouché nord du passage des deux sœurs ! (Repère 7). 


Je tiens à remercier le directeur de la salle de sports Buffault ainsi que le directeur du magasin Franprix qui ont grandement facilité mes recherches.

Passage des deux sœurs, Paris IX°.

mercredi 27 mai 2015

Enceinte de Philippe Auguste : le retour - rue Rambuteau

C'est sur une idée du conseil de quartier Sainte-Avoye que fut décidé récemment le marquage au sol de l'emplacement de l'enceinte de Philippe Auguste à la traversée de la rue Rambuteau.
Le mur est matérialisé par un pavage différent sur les trottoirs et par des clous sur la chaussée. 


Cette bonne idée nous rappelle que cette enceinte, commencée au XII° siècle, est encore visible en bien des endroits ( voir le libellé "enceinte de Philippe Auguste" ci-dessous ).



Même là où on ne la voit plus, elle sous-tend l'implantation des immeubles et des rues comme dans cet immeuble parallèle à l'enceinte et non à la rue Rambuteau :
La ligne de fuite des cheminée nous montre la forme "en sifflet" de l'immeuble ( flèche rouge ).


Au pied de cet immeuble, une porte ouverte nous permet de voir le départ du mur de fond (flèche rouge) :


Merci à Ronan H. qui m'a signalé cette belle initiative !

Angle rue Rambuteau et rue Pecquay, Paris IV°.

lundi 25 mai 2015

Sté Varène frères - 15 rue Doudeauville

Voici un immeuble comme il y en a des milliers à Paris : Modeste mais élégant et bien proportionné. Observez comme on a voulu éviter l'uniformité chère aux bétonneurs actuels : la façade est rythmée par les corniches, les fenêtres de chaque niveau bénéficient d'encadrements différents, les hauteurs sous plafond varient selon les étages, sans compter le soin apporté aux ferronneries.


Nous entrons grâce à la complicité d'une habitante.


Après avoir franchi l'immeuble sur rue, une cour minuscule nous dévoile une immense verrière surplombant une autre porte fermée...


Heureusement, mon sourire irrésistible et mon amabilité proverbiale parviennent à débloquer ce verrou ! ( qui a dit que je débloquais beaucoup ? ).


Nous nous retrouvons dans un immense passage couvert surmonté d'une verrière où le silence est impressionnant.


La structure marie la ferraille et le bois. une passerelle couverte au deuxième étage coupe la "rue" en son milieu.




Sur la passerelle, une forme en bois fait penser à un logo... Serait-ce celui de la société Varène frères qui a occupé ces locaux du XIX° siècle aux années vingt, avant de déménager pour le 144 rue de Flandres ?


Cette société était grossiste en verrerie, porcelaine, poterie et autres articles de ménage, de brosserie et de ferblanterie.


Dans ces locaux, rien n'indique que les frères Varène fussent fabricants ( pas de four, pas de cheminée ).


Je tiens à remercier chaleureusement Jean-Raphaël B. qui, en fin connaisseur du XVIII°, m'a mis sur la piste de ce trésor caché.

15 rue Doudeauville, ParisXVIII°.

vendredi 22 mai 2015

Paris treizième.fr

Encore une découverte qui va venir enrichir notre connaissance de Paris !


A la façon d'un journal ( mais si, vous savez, ces trucs en papier qu'il faut lire pour comprendre ! ), ce site très bien fait évoque le treizième arrondissement de 1860 aux années trente.


Les grands changements du Paris des barrières bien sûr, mais aussi les faits divers comme si vous y étiez.


Les auteurs ont souhaité rester anonymes, c'est leur droit, mais nous souhaitons néanmoins longue vie à ce site !

Allez voir : Clic !

Vous retrouverez Paris treizième.fr dans la colonne de droite de PBA dans la rubrique "Blogs et sites parisiens de quartier".

jeudi 21 mai 2015

Une ancienne maison close... ouverte

Tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille.”  ( Charles Monselet )

A deux pas de la place de Clichy, dans une petite rue calme, se cache un petit hôtel tranquille, comme le dit la brochure.
Tranquille ? Assurément. Mais ce ne fut pas toujours le cas.
"Maison" de bonne réputation avant-guerre, le Rotary deviendra une pauvre maison de passe après la loi Marthe Richard de 1946...
C'est effectivement aujourd'hui un petit hôtel tranquille et impeccable à la clientèle de touristes et de représentants.


D'ailleurs la direction ne souhaite pas trop parler du passé...
Tant et si bien qu'à défaut de passer une nuit dans chaque chambre, je me vois contraint de vous proposer des photographies provenant du site de l'hôtel ( Clic ! ). Car l'hôtel a de beaux restes, voyez plutôt !


Nuits de Chine, nuits câlines...



Comme je sens chez certains comme une frustration, écoutez donc Alice Dona :


4 rue de Vintimille, Paris IX°.

mardi 19 mai 2015

Eglise Saint-Leu-Saint-Gilles (3) - La crypte

Nouvelle visite à l'église Saint-Leu-Saint-Gilles, mais cette fois, c'est à la crypte que nous nous intéressons.


Il suffit de demander aux très gentilles dames de l'accueil ( à droite de la nef ) pour obtenir l'ouverture de cette salle située sous le maître-autel.


Un côté est occupé par un gisant du XV° siècle provenant de l'ancienne église des Chevaliers du saint-Sépulcre.



L'autre côté met en évidence une châsse dorée contenant des reliques de sainte Hélène.



Sainte Hélène était, comme chacun le sait, la mère de l'empereur romain Constantin I° qui fonda Constantinople et mit fin à la persécution des chrétiens.
Ses reliques auraient été dérobées par un moine ( un moine voleur !!! ) pour être confiées à l'abbaye saint-Pierre d'Hautvillers, près de Reims, où officiaient Dom Pérignon et Dom Ruinart ( des moines buveurs !!! ).
Après la Révolution, les reliques sont confiées à l'ordre des Chevaliers du saint-Sépulcre dont l'église capitulaire n'est autre que Saint-Leu-Saint-Gilles ! Vous suivez ?



Vous observerez que plusieurs icônes décorent la crypte, certaines portant des inscriptions en caractères cyrilliques. C'est parce que Hélène comme Constantin sont également révérés dans les religions catholique et orthodoxe. Chaque année, une messe est concélébrée ici dans les deux rites   
( On fait le signe de croix dans quel sens, alors ? ).
L'église saint-Leu-saint-Gilles est désormais inscrite comme une étape incontournable pour les touristes  de religion orthodoxe.



92 rue saint-Denis, Paris I°.

lundi 18 mai 2015

Le Tapis rouge

Au 67 rue du faubourg Saint-Martin, juste en face de la mairie du X° arrondissement, cet immeuble n'attire pas particulièrement l'attention :


Et pourtant si l'on pousse la porte, on découvre un décor surprenant :


Majestueux escalier, coursives, verrière, cet espace dégage une atmosphère qui pourrait être mieux mise en valeur sans un éclairage bas de gamme façon centre commercial...


Notre visite ayant lieu le matin, à l'heure des livreurs, nous absolvons le gentil gardien qui n'a pas accès aux interrupteurs électriques.



Nous sommes au "Tapis rouge", un ensemble de salons à louer pour des réceptions ( Clic ! ).



Seul, le grand atrium et son escalier subsistent des grands magasins ; les autres salles sont terriblement modernes et fonctionnelles...


Souvenez-vous, vous aviez vu ce lieu à la télévision en 2002 quand Jacques Chirac en avait fait son QG de campagne.

Si cet immeuble pouvait parler, il en aurait des choses à dire ! 
Construit en 1784, sous l'ancien régime donc, il abrite le tout premier grand magasin de Paris, le Tapis rouge.
Nous sommes 40 ans avant l'ouverture de la Belle Jardinière sur l'île de la Cité, et 58 ans avant celle du Bon Marché.


En 1857, à une époque où la croissance n'était pas un vœu pieux, le Tapis rouge s'étend aux immeubles avoisinants.


En 1871, les combats de la Commune de Paris occasionneront des dégâts considérables ainsi qu'en atteste cette très ancienne photographie.


Reconstruits en 1872, les magasins prendront leur aspect définitif, comme sur cette affiche de 1875 :


Le Tapis rouge fermera avant le déclenchement de la grande guerre et dès 1910, c'est un magasin de meubles qui occupera les lieux. Suivront un hôtel, une fabrique de jouets, un atelier textile, mais ceci est une autre histoire.

67 rue du faubourg Saint-Martin, Paris X°.