lundi 22 février 2021

L'auberge du Clou

 C'est un lecteur, Michel Güet, Guide du Patrimoine du 9°, qui nous envoie ces quelques mots sur un lieu - encore un - qui vient de disparaître du paysage parisien. Il s'agit de L'auberge du Clou, 30 avenue Trudaine, dans le haut du IX° arrondissement.

Je lui laisse la parole:

Affligeant !!!

De nombreux habitants de l'avenue Trudaine, du Conseil de quartier, des associations 9e Histoire, le vieux Montmartre, les copropriétaires de l’immeuble avec lesquels j'ai échangé, sont choqués par la destruction de l'Auberge du Clou, située au 30 avenue Trudaine. Nous assistons impuissants à un réel effacement de la mémoire du lieu pour devenir une vulgaire façade moderne, aseptisée, d’une banale médiocrité et sans âme au profit de la restauration rapide  améliorée végan dans une esthétique « design New look », d’une chaîne nommée « Season »...




Au printemps, au début des travaux, j'avais eu une conversation téléphonique avec la gérante Cathy Closier pour tenter de la sensibiliser à l'intérêt de cet espace, mais avec une évidente absence de résultat. Pendant la période du chantier l'entreprise avait entouré le lieu d'une palissade, rendant impossible de visualiser la “transformation”. Aucune indication ne figure sur le panneau extérieur informant sur la nature des travaux, pourtant obligatoire.




Mémoire d’un lieu unique :
L'Auberge du Clou devient rapidement un sanctuaire littéraire et artistique renommé. Dans ce célèbre cabaret s’y rencontrent dès 1883, les opposants au “Chat noir” comme Alfred Jarry, mais aussi des poètes, écrivains, musiciens, comme Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, les peintres et caricaturistes Henri Rivière, Willette, Caran-d'Ache, Toulouse-Lautrec, Suzanne Valadon, les musiciens Erik Satie et Claude Debussy qui y seront pianistes, le dramaturge Georges Courteline, Alphonse Allais dont c'était le café préféré, puis plus tard Mistinguett et Maurice Chevalier, Stéphane Grappelli...et bien d'autres venant en voisins du quartier.
 En 1892 l’établissement avait son théâtre d’ombres.
Le «Clou » permettait aux artistes fauchés d'y accrocher leurs œuvres en attendant de pouvoir régler leur addition.




Nous tenons à exprimer au propriétaire du lieu et architecte, mais aussi à la DRAC face à son laxisme, notre étonnement et notre tristesse devant leurs manques de prise en compte de l'histoire et de leur ignorance face à un bâtiment chargé de culture.
L'émotion et la colère habitent de nombreux citoyens comme moi préoccupés par le Patrimoine culturel et l’histoire de notre arrondissement.
Nous souhaitions que le nom de l’auberge subsiste et proposions
un réaménagement de la façade en vue d'une éventuelle pose d'une plaque mémorielle. Nous avons demandés sans succès que l'intérieur puisse avoir une décoration en lien avec ses illustres clients sous forme d'une reproduction de tableau, d'anciennes cartes postales ou autres supports mais la propriétaire n'en voit pas l'intérêt.

Un ami artiste américain me disait: c'est un peu comme si on transformait "le
lapin agile en McDo"...

                                                                 Michel Güet, Guide du Patrimoine du 9e.


Vous trouverez plus d'info sur le site de 9°Histoire.

30 avenue Trudaine, Paris IX°.


4 commentaires:

  1. Honteux et triste.

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  2. Je m'étonne que notre guide du 9ème n'ait pas rappelé ce qui faisait aussi la notoriété de cette auberge: au rdc, il y avait (au-dessus du bar) une réplique de l'idiomètre de Courteline, un thermomètre pour mesurer la connerie.
    Je me souviens très bien ce cet objet lorsque j'y déjeunais. Qu'est-il devenu?
    La salle de restauration était au 1er étage. Elle n'avait rien de particulier si ce n'est une belle cheminée qui fonctionnait l'hiver.
    Il n'était pas rare d'y voir déjeuner en habitué le midi Olivier Lejeune (acteur de théâtre et un des derniers du Boulevard)
    Si l'auberge du Clou s'est fini, espérons que la boutique du 48 rue Lafayette (MAS, gravures anciennes 1898) sera sauvée. L'association historique du 9ème se bat pour cela.

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  3. Il y avait au pied de l'escalier une photo en noir et blanc d'un groupe d'hommes avec au centre une dame qui je c rois était Marie Cassat

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  4. Voici une triste et scandaleuse conséquence de la bêtise confondue d'ignorance des barbares du patrimoine. L'inaction des autorités culturelles, voire leur mépris envers la chose dont ils ne choient que la prébende est un signe manifeste de cette barbarie. Le classement de ce lieu aurait dû être rendu obligatoire depuis des lustres. Tout comme le Chat Noir ! De ce lieu, ne restent plus que les souvenirs maintenant, et plus jamais je n'y reviendrai.

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