Hors Paris
C'est sur les conseils de Marc S. que je me suis rendu dans un quartier résidentiel d'Asnières, pour voir une tour (si, si !).
Me voilà donc devant le numéro 140 rue du Ménil, face à une tour de onze étages construite probablement dans les années soixante... Sans grand charme à première vue.
Grâce à l'obligeance souriante d'un résident, je franchis le digicode et pénètre dans l'immeuble. C'est impeccable, c'est moderne, jusque là, tout va bien.
Et puis on lève la tête et là, c'est le choc !
C'est plus qu'un atrium, c'est un gouffre !
Vu d'en bas, c'est déjà vertigineux, je ne vous dis pas en haut...
Mais la particularité de ce bâtiment réside dans son escalier à double révolution: l'escalier pair dessert les étages pairs, l'escalier impair dessert les étages impairs; les deux escaliers sont imbriqués, on ne peut pas passer de l'un à l'autre.
Je ne vous cacherai pas que j'ai monté les onze étages par l’ascenseur...
En haut, une verrière coiffe et éclaire ce gouffre.
Cette vue prise de mon hélicoptère permet de visualiser la construction:
Le problème, voyez-vous, c'est qu'après être monté, il faut redescendre... Et là, c'est le drame !
Vertige !
Le résident souriant, me voyant faire des photographies, me suggère gentiment de revenir à la nuit tombée pour jouir de la hardiesse de cette cage d'escalier magnifiée par des lumières bleues; Oui, mais alors de jour, je suis déjà à moitié paralysé, si je reviens de nuit, il va falloir appeler les pompiers ! Je ne reviendrai pas.
Les escaliers à double hélice sont extrêmement rares. Nous connaissons bien sûr l'ancêtre à Paris, que Paris-Bise-Art avait visité en 2011 (Clic !).
Plus majestueux, l'escalier de l'ancien siège du Crédit Lyonnais, également visité par Paris-Bise-Art (Clic !)
Et puis, hors Paris, le modèle, probablement dû à Léonard de Vinci: Chambord:
Si vous en connaissez d'autres, n'hésitez pas à me le dire !
140 rue du Ménil, Asnières (Hauts de Seine).
a ma connaissance aucun guide ne parle de cette originalité
RépondreSupprimerje suis certains qu'après ce reportage, cet oubli sera réparé
Vous savez ma grande admiration pour le grand Léonard de Vinci, mais je me sens le devoir de rétablir les faits car les légendes sont décidément tenaces.
RépondreSupprimerLéonard de Vinci était un grand ingénieur et un fabuleux observateur, faisant de lui un artiste de génie. Pour ce qui est des techniques, rendons à ces maîtres (ainsi qu'à ses héritiers) la postérité qu'ils méritent. La plupart des 'machines' soi-disant innovantes et attribuées à Léonard étaient déjà présentes dans les carnets du grand Taccola, qui furent transmis à son élève di Giorgio Martini que Léonard rencontrera à 1490.
Les dates ont leur importance : Léonard de Vinci meurt à Amboise le 02 mai 1519 (et pas dans les bras de François 1er qui était à Saint Germain). Le projet du château de Chambord n'est lancé que le 06 septembre 1519 : Léonard de Vinci n'a jamais pu travailler sur les plans de Chambord.
"Et alors ? Il aurait pu dessiner l'escalier et un autre que lui l'aura mis en oeuvre après sa mort !" me répondrez-vous d'un air goguenard et satisfait.
Oui, peut-être. Peut-être que les dessins préliminaires consacrés à son projet de ville idéale à Romorantin ont été discutés, partagés, avec les premiers architectes de Chambord. Nous ne le saurons peut-être jamais, car les plans de Chambord ont été détruits dans la torpeur de la Révolution.
Léonard de Vinci était un génie sur le plan artistique et un très grand ingénieur militaire. Ses travaux sur la balistique et la science du vol ont permis des avancées majeures, en rupture avec la physique d'Aristote jamais remise en cause avant Léonard...mais, mais... pour ce qui est du légendaire escalier à double hélice de Chambord...la prudence est de mise !
Pour finir sur une note poétique, laissons le mot de la fin à Pascal Brioist, LE spécialiste de Léonard de Vinci : "on se prend à rêver de ce qu’aurait été Chambord dans son plan originel, avec ces volées de marches virtuoses, si le maître avait survécu au début des travaux et avait pu continuer de s’entretenir cordialement avec son ami le Prince. A la symbolique impériale du palais couronné se serait ajoutée, peut-être, la symbolique étonnante d’une hélice s’envolant vers le ciel".
Bonjour, j'ai habité quelques mois en 1976/77,
RépondreSupprimer"La Pléiade", 34 Bd de la Marne à Toulouse:
je crois me rappeler que les escaliers desservaient
soit les étages pairs, soit les étages impairs....
Pas trouvé de photo pour le confirmer, désolé.
https://idata.over-blog.com/2/71/56/89/Quartier-10/Le-Pleiade/Quartier-10Le-Pleiade06951.jpg
"Et alors ? Il aurait pu dessiner l'escalier et un autre que lui l'aura mis en oeuvre après sa mort !" te réponds-je d'un air goguenard et satisfait.
RépondreSupprimerPrécision: La réponse ci-dessus (Et alors...) était destinée à Matthieu Rubin.
RépondreSupprimer@ Bauju: merci pour l'info.
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci de ce bel article !
Dans cette série immeubles originaux, il y a à St Etienne ceci... Je n'y suis jamais allée, mais c'est intéressant ; à mon avis, les gamins doivent s'éclater et leurs rires éclabousser de bas en haut, si enfants il y a ��
http://www.saint-etienne.fr/maison-sans-escalier-56
IMPRESSIONNANT!, Je me pose la question du bruit dans un tel contexte.
RépondreSupprimerJe garde le souvenir de visites de phares, en Bretagne - Phare d'Eckmühl 307 marches - tournis assuré à la montée mais l'air vif sur la terrasse du campanile remet les esprits en place, à la descente certains visages sont blêmes et la marche sur la terre ferme difficile... Surtout ne pas regarder les parois.
super l'immeuble de Saint Etienne , ça résoudrait pas mal de choses pour les PMR
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