Hors Paris
On ne dit plus "Hôtel Rodocanachi", mais "Hôtel Arturo-Lopez".
Celui qu'en privé l'on appelait Arturito était le fils d'un richissime homme d'affaires chilien dont la fortune venait du guano. Après avoir épousé sa cousine pour mieux "approcher" le frère de cette dernière, il se fait nommer attaché à l'ambassade du Chili à Paris, ville où il s'installe en 1928. Il a 28 ans.
Il rachète au prince grec Paul Rodocanachi l'hôtel que celui-ci avait fait édifier en 1903; il le remanie profondément et y installe un décor en stuc et staff inspiré des grands châteaux français.
L'hôtel deviendra vite l'un des lieux les plus gais du tout-Paris, notre milliardaire-esthète dépensant sans compter pour organiser des fêtes somptueuses dont la tradition se poursuivra jusqu'à sa mort en 1962. Son dernier compagnon, le baron Alexis de Rédé fut lui aussi connu pour ses fêtes courues par la "café society"; il lui léguera la moitié de sa fortune. Ils sont enterrés ensemble au Père-Lachaise.
La ville de Neuilly rachètera l'hôtel en 1971. La bibliothèque municipale occupe les communs.
Après l'installation d'un musée des automates entre 1978 et 1997, l'hôtel ne servira plus qu'à des événements ponctuels organisés par la municipalité. C'est donc à une visite rare que je vous convie aujourd'hui.
L'entrée actuelle fut voulue par Arturo Lopez lors du rachat de l'hôtel.
La façade "sur jardins" est aujourd'hui plutôt "sur immeubles"...
L'actuel hall d'entrée ne paye pas de mine.
À gauche, portrait d'Arturito par Alexandre Iacovleff:
Confort ultra-moderne pour l'époque: le chauffage central dont les radiateurs sont masqués par des panneaux portant l'effigie du roi-soleil !
À droite, le monogramme d'Arturo Lopez:
Sur la gauche, le magnifique escalier aux murs peints imitant le marbre
Amusant détail rappelant le remaniement de l'hôtel voulu par Arturo, ces portes semblant flotter dans l'espace étaient à l'origine les portes d'entrée de l'hôtel.
Desservant les salons du premier étage, une mini-galerie des glaces
La galerie est éclairée par une jolie verrière
Le salon Louis XVI dont les boiseries sont de style... Louis XVI !
C'est dans la salle à manger qu'était exposée la prestigieuse collection d'argenterie XVIII°.
Pièce la plus fascinante, le salon chinois est doté d'un plafond à l'italienne.
Les boiseries sont une copie de celles crées pour l'hôtel du financier Antoine Crozat, place Vendôme.
Les lucarnes reprennent le dessin de celles de l'antichambre de l’œil-de-bœuf du château de Versailles.
Des chinoiseries bien dans le goût du XVIII°.
Trouvée sur l'internet, cette vue de la même pièce lorsqu'elle était meublée:
Non, nous n'entrons pas dans une chapelle ! C'est la chambre !
Très inspirée des grands appartements de Versailles, la chambre reprend les codes du salon de Vénus, mais ici, les marbres et les bronzes sont en trompe-l’œil.
Le lit était placé sur l'estrade que vous voyez, derrière une balustrade ! Une chambre toute simple, on vous dit...
Au-dessus de la porte, encore le monogramme d'Arturo
J'ai demandé et obtenu que les lourdes portes de la chambre fussent fermées un instant car je veux les mêmes chez moi.
La chambre telle qu'elle se présentait jadis (on peut dormir la-dedans ?)
Image glanée sur l'internet.
Et maintenant, le chef d'oeuvre !
Parmi ses actions de mécénat, Arturo Lopez avait financé dans les années cinquante des travaux dans la chaumière des coquillages du château de Rambouillet. Il garda ses équipes de restaurateurs et les fit venir à Neuilly où ils réalisèrent cet ensemble unique.
N'hésitez pas à agrandir les images pour voir la finesse des détails
Cette salle sert aujourd'hui de salle de réunion
Adjacente à la salle des coquillages, la salle des buffets dont les portes rappellent le château de Fontainebleau.
On y proposait des buffets somptueux lors des bals donnés par Arturo et son compagnon.
Visite lors des journées du patrimoine (en septembre).
Quelques visites sont organisées par l'office de tourisme des Hauts de Seine (Clic !)
12 rue du centre, Neuilly-sur-Seine (Hauts de Seine).
Somptueusement impressionnant ! Merci.
RépondreSupprimeril y avait jadis dans la chambre d'A Lopez le lit de la Paiva (est-ce celui de la photo?), il avait été conservé dans le musée des automates, je ne sais ce qu'il est devenu
RépondreSupprimerquand j'ai lu qu'on ne l'appelait plus Rodocanachi , j'étais un peu attristé car cette famille grecque installée en France depuis la fin du 19e siècle a beaucoup apporté à notre pays , surtout un de ses membres récemment décédé Christophe de Margerie
RépondreSupprimerMais Arturo Lopez est un personnage hors du commun lui aussi , donc ça me va très bien du moment qu'on ne le nomme pas "
"Porsche Plaza" ou "Ballantines Resort"
@ Marc: J'ignore ce que le lit est devenu, je ne peux que dire qu'il n'y a plus aucun meuble dans l'hôtel.
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