lundi 30 janvier 2017

Hôtel de Brienne - Ministère de la Défense

Construit en 1725, l'hôtel de Brienne est l'archétype de l'hôtel "entre cour et jardin" du XVIII° siècle.
Après avoir abrité la marquise de Prie, maîtresse du duc de Bourbon, il verra passer Françoise de Mailly, veuve du marquis de La Vrillière, Louise-Elizabeth de Bourbon, princesse de Conti, Louis-François-Joseph de Bourbon, comte de La Marche, Louis-Maris-Athanase de Loménie, comte de Brienne qui laissera son nom à l'hôtel.
Après le raccourcissement du comte en 1794, l'hôtel sera saisi comme bien national et abritera la commission du commerce et de l'approvisionnement.
Restitué à la comtesse de Brienne, l'hôtel connaîtra encore quelques occupants avant d'échoir en 1802 à Lucien Bonaparte (frère de) qui le revendra au bout de trois ans à Laetizia Ramolino épouse Bonaparte (Mère de l'empereur).
Racheté par l'Etat en 1817, l'hôtel de Brienne devient la demeure du ministre de la guerre. Il l'est encore aujourd'hui. C'est le plus ancien ministère n'ayant jamais changé d'affectation; il fêtera son bicentenaire en 2017 .

Même si les services du ministère de la Défense sont désormais installés place Balard, le ministre a conservé son bureau et son cabinet dans ce lieu historique. Le souhait de l'actuel ministre Jean-Yves Le Drian (et le mien) serait de conserver l'hôtel de Brienne pour le ministère de la défense.

Depuis le 28 janvier 2017, le ministère a confié au Centre des monuments nationaux (CMN) le soin d'ouvrir ce lieu historique aux visiteurs. Votre serviteur était donc là dès potron minet !

C'est sous un soleil radieux que... enfin non, mais j'ai trouvé que c'était plus joli avec du ciel bleu (à droite ma vraie photo):
Notez la croix de Lorraine sur le fronton signalant la présence en ces lieux du général de Gaulle.


Le hall d'entrée sans grand esprit:


L'escalier d'honneur est somptueux:


Ils ont des escaliers comme ça à Balard ?


Est-ce dû au plan vigipirate ? Je trouve que les gardes ont une tenue bizarre...


Sur le palier du premier étage, ce "Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard" de David est présenté par notre guide comme le cinquième original de ce tableau célèbre. Je laisse aux spécialistes le soin de confirmer ou de me contredire !


L'antichambre, version confortable de la salle d'attente:



C'est le ministre Le Drian qui a souhaité que le bureau de Clemenceau fut reconstitué à l'identique:


Sous le portrait du "Tigre" au parlement, la table à carte originale:


Autre pièce pieusement conservée, le bureau du général de Gaulle:
celui-ci y occupera en juin 1940 la fonction de sous-secrétaire d'Etat à la guerre dans le gouvernement de Paul Reynaud.
Il reviendra en août 1944 comme chef du gouvernement provisoire jusqu'en janvier 46.





Ce grand salon est une ancienne salle de billard:





L'ancienne salle à manger de Madame Mère (Laetizia Bonaparte) est aujourd'hui celle du ministre:





Le salon Rochambeau sert aux réceptions:



La tapisserie représente Louis XIV et le tableau Rochambeau


Le salon de musique:



La tapisserie vient des Gobelins:



Nous ne verrons le jardin qu'au travers des vitres du premier étage


Au milieu de la pelouse, trône ce platane tricentenaire; il était là avant l'hôtel !


Vous l'avez vu, la visite se concentre sur le premier étage - l'étage noble - car le rez-de-chaussée abrite le bureau du ministre ainsi que son cabinet.
On ne peut que féliciter Jean-Yves Le Drian qui a voulu ouvrir son ministère au public. C'est lui aussi qui a tout fait pour reconstituer les pièces historiques aussi fidèlement que possible. Merci Monsieur !
Merci aussi aux gendarmes qui, même en période sensible, savent rester vigilants avec le sourire. 

Les visites (guidées uniquement) doivent être réservées à l'avance. 
Dates sur le site du CMN: Clic !

Tarif: 15 €

14 rue Saint-Dominique, Paris VII°.

samedi 28 janvier 2017

新年好

Paris célèbre l'année du coq !




vendredi 27 janvier 2017

Le tunnel oublié de Montmartre

C'est en voyant cette gravure envoyée par le montmartrologue Denis de Montmartre (est-ce vraiment un pseudo ?) que me vint l'idée de cet article.
Penchons-nous sur cette vue aérienne (regardant vers l'ouest) du cimetière de Montmartre. Nous y voyons le pont Caulaincourt à l'état de projet; il ne sera inauguré qu'en décembre 1888.



Mais observons de plus près la partie droite de la gravure. Nous y voyons l'actuel cimetière de Montmartre, et au nord (à droite sur l'image), son extension aujourd'hui disparue (cercle vert):


Sur cette image, j'ai rapproché les plans de 1878 et d'aujourd’hui. On voit clairement le périmètre de l'extension nord qui formait un quadrilatère entouré par les rues Coysevox, Marcadet, Eugène Carrière et Etex (aujourd'hui rue de la barrière Blanche).


Aux 12 hectares du cimetière initial (périmètre actuel), on ajouta donc les 9 hectares de l'extension nord où l'on plaça les concessions temporaires ou gratuites... les pauvres, quoi !
Cette partie nord fut ouverte en 1847 et désaffectée en 1879; les pauvres purent alors "bénéficier" des nouveaux cimetières parisiens extra muros.
Le niveau des tombes étant plus bas que le sol de la rue Etex, il fallut construire un tunnel pour relier les deux parties du cimetière.
Et ce tunnel, nous le voyons très bien en zoomant sur notre gravure !


Que reste-t-il aujourd'hui de cette extension ? Rien, car c'est là que fut construit l'hôpital Bretonneau ainsi que le square Carpeaux. En revanche, la toponymie vient à notre secours car une des allées du cimetière actuel porte le nom de "avenue du tunnel".


Suivons cette avenue. On voit bien la différence de niveau entre le cimetière et la rue qui passe derrière le mur de soutènement


Les bâtiments modernes devant nous sont les nouveaux immeubles du centre gériatrique qui remplace l'hôpital Bretonneau.

Petite note philosophique: après avoir été un cimetière, ces terrains furent consacrés à l'enfance (Pédiatrie), puis à la gériatrie... Sic transit...


Arrivés au bout de l'avenue, nous buttons sur le haut mur derrière lequel passe la rue de la barrière blanche (autrefois rue Etex). Si vous regardez bien, derrière le petit cagibi, on voit encore la découpe de la voûte du tunnel !


Maintenant, faisons litière (j'adore cette expression) de quelques mythes (oui car en plus, je suis anti-mythes).
Ne croyez pas les guides qui vous diront que ceci est une (ancienne) entrée des carrières de Montmartre.
Ne croyez pas les romanciers qui vous diront qu'ici s'ouvrait un réseau de souterrains.
Inutile aussi de chercher à pénétrer dans le cagibi, vous n'y trouveriez qu'un mur, le même que nous voyons à l'extérieur; le tunnel a été comblé.


Cimetière de Montmartre, entrée par le 20 avenue Rachel, Paris XVIII°.

Puits en sursis ?

Sur le terrain des "jeunes pouces" dégagé par la force voila deux jours (Clic !), subsiste un vieux puits. Il paraît en mauvais état; je n'ai pu le photographier qu'à travers la clôture.
Il est à craindre que ce puits soit en danger car il représente un manque à gagner pour les bétonneurs de madame Hidalgo...



  7 passage de la Folie Regnault, Paris XI°.

mercredi 25 janvier 2017

Le jardin des jeunes pouces

C'était un petit jardin... qui avait reçu l'estampille "Main verte" à une époque où la mairie de Paris préférait le bonheur de ses administrés plutôt que le confort de ses amis bétonneurs...
Il s'appelait "le jardin des jeunes pouces".



Dans ce quartier de Ménilmontant déjà fort dense, ce petit poumon vert faisait la joie des habitants qui y faisaient des plantations, y organisaient des barbecues ou simplement y venaient se détendre. Ouvert à tous, ce jardin accueillait des jeunes, des vieux, des blancs, des noirs, des riches, des pauvres... bref une vie de quartier autogérée plutôt réussie.


Mais c'était sans compter sur la caudillette de l'hôtel de ville qui déteste que les gens soient heureux sans son intervention.
Bien décidée à remplacer la verdure par du béton, et échaudée par ses échecs au Bois-Dormoy, au stade Championnet et aux réservoirs de Grenelle, la mairie a envoyé une escouade de policiers accompagnés d'une pelleteuse pour massacrer le jardin. C'est sa manière de négocier !


Mais madame Hidalgo, vous qui n'avez à la bouche que le "vivre ensemble", pourquoi le tuez-vous quand il existe ?
Et plutôt que de "végétaliser" piteusement quelques malheureux pied d'arbres, pourquoi ne pas laisser tranquille ce petit jardin qui ne vous avait rien fait ?
Qu'est-ce qui vous lie à ces promoteurs que vous autorisez à construire des tours comme dans les années soixante-dix et à bétonner le moindre carré d'herbe ?


Il y a eu des larmes ici, madame Hidalgo, lorsque les policiers, sur votre ordre, ont attaqué le bonheur simple d'habitants pacifiques, et ces larmes, madame, vous en êtes comptable.
Puissent les parisiens s'en souvenir.



7 passage de la Folie Regnault, Paris XI°.