C'est en tombant par hasard sur cette carte postale de la fin du XIX° siècle que je me suis interrogé. Je connaissais déjà l'Alcazar d'hiver et l'Alcazar d'été, mais je n'avais jamais entendu parler de l'Alcazar du Champ de Mars !
On trouve très peu de littérature sur ce café-concert, sans doute à cause de la faible durée de son exploitation ?
Aujourd'hui, les numéros 72 & 74 avenue de Suffren sont deux immeubles bourgeois, l'un construit en 1927 (72), l'autre probablement au début des années trente.
Alors, me direz-vous, que s'est-il passé entre la fin du XIX° siècle et 1927 ? Et bien l'emplacement a été occupé par "La Grande Roue de Paris", qu'on associe souvent à son encombrante voisine l'Exposition Universelle de 1900 au Champ de Mars, alors qu'elle en était indépendante. Elle fut d'ailleurs inaugurée en 1898 soit deux ans avant l'Exposition.
Entendons-nous bien, nous ne parlons pas du manège forain installé récemment place de la Concorde, mais de ce qui fut un temps la plus haute grande roue du monde (100 mètres).
La roue entrainait 40 voitures fermées, réparties en cinq trains de huit.
Chaque "train" était composé de 6 voitures de deuxième classe, 1 de première classe et 1 voiture-restaurant.
L'embarquement se faisait train par train, soit huit voitures à la fois.
Imaginez manger une poularde demi-deuil à 90 mètres de haut !
On n'allait pas "en cheveux" dans la voiture-salon !
À grand renfort de publicité, la Grande Roue bénéficia de la proximité avec le Champ de Mars ou l'Exposition Universelle de 1900 draina tout de même 48 130 300 visiteurs...
La Grande Roue survécut à l'expo jusqu'en 1922. Sa haute silhouette était devenue familière aux parisiens.
Voici ce qui est probablement sa dernière photo prise par l'agence Rol en 1923.
Ah, une dernière chose: notre Grande Roue était installé juste à côté du "Village suisse" qui était une reconstitution d'un village helvète... Mais ce nom est resté car, après le démontage de la grande roue en 1923, des petits malins en récupérèrent quelques voitures qui abritèrent des "commerces" de chiffonniers/brocanteurs.
Très vite, le village suisse abandonna le côté "chiffonnier" des débuts pour devenir l'élégant ensemble d'antiquaires qui conservera le nom de Village suisse jusqu'à présent, mais ceci est une autre histoire...
72, 74, avenue de Suffren, Paris XV°.
74 avenue de Suffren construit en 1928 par les architectes Raguenet et Maillard SADG
RépondreSupprimerBien vu, merci !
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