Les déconfinés qui passent boulevard Saint-Germain, à deux pas de la Tour d'Argent, ne se doutent pas que quelques années plus tôt, ils eussent été devant le marché aux veaux de Paris !
C'est en effet dans le quadrilatère formé par le boulevard Saint-Germain, la rue de Pontoise, la rue Cochin et la rue de Poissy que se dressait depuis 1773 ce marché qui remplaçait celui du quai des Ormes (vers le métro Pont Marie).
On le voit sur ce plan de Paris de 1870:
De même sur celui-ci de 1883:
On voit notre marché sur ce dessin aquarellé de Jean-Baptiste Lallemand (Musée Carnavalet); à l'arrière-plan, l'église des Bernardins sera démolie en 1797.
On le retrouve sur cette gravure d'Alfred Delauney; les travaux de démolition ont déjà commencé:
Heureusement pour nous, l'irremplaçable Charles Marville a photographié le marché aux veaux alors que sa démolition avait commencé, en 1868.
Dans le cadre des grands travaux du second empire, le marché aux veaux fut transféré vers les tout nouveaux abattoirs de la Villette.
Je suis prêt à parier que ce bonhomme à chapeau à l'allure un peu arrogante est l'entrepreneur à qui la démolition échut (supposition toute personnelle).
La dernière photo du marché aux veaux où l'on distingue le nom du démolisseur: Lachet et cie.
Sur le pignon d'angle, figurait la plaque d'inauguration (qu'est-elle devenue ?) sur laquelle on pouvait lire:
L’EMPLACEMENT DE CE MARCHÉ
QUI MANQUOIT À LA CAPITALE A ÉTÉ FOURNI
PAR UNE COMPAGNIE DE CITOYENS,
ET LA HALLE CONSTRUITE À LEURS FRAIS
EN VERTU DES LETTRES PATENTES DU ROY,
SOUS LES AUSPICES DE M. DE SARTINE
CONSEILLER D’ÉTAT, LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE
QUI A POSÉ LA 1RE PIERRE EN M. D. CC LXXIV.
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RépondreSupprimerQue les photos de Marville sont belles, et souvent avec beaucoup de détails.
J'interviens juste pour préciser que l’œuvre d'Alfred Delauney, n'est pas une encre de chine, mais une gravure, vraisemblablement une eau forte. Une plaque métallique est recouverte d'un vernis, avec une pointe on dessine en enlevant le vernis à chaque trait. Puis on met la plaque dans de l'acide qui creuse à tous les endroits sans vernis protecteur, donc les traits et hachures du dessin. Ensuite la plaque est encrée et essuyée, pour qu'il n'y ait de l'encre que dans les creux, puis le papier est posé sur la plaque et bien écrasé à l'aide d'une presse, pour qu'ainsi il aille chercher l'encre dans les creux. Et l'on obtient le résultat que vous montrez. On peut ainsi faire un certain nombre de tirage avant que la plaque soit elle-même un peu trop écrasée. On voit d'ailleurs sur votre photo la mention de l'imprimeur.
Mais comment savez-vous tout ça ???
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RépondreSupprimerMa culture générale artistique et d'avoir vu beaucoup d'expositions avec des gravures de toutes sortes.
Le personnage à chapeau qui figure sur la photo de Charles Marville ressemble furieusement à son assistant : Charles Delahaye.
RépondreSupprimerMarville aurait fait poser son assistant sur une photo d'un monument parisien? Ce serait - à ma connaissance - un fait unique...
RépondreSupprimerJ'ai un gros doute.
La quantité de clichés de Paris prise par Charles Marville est considérable. Impossible d'affirmer s'il y existe d'autres clichés avec son assistant dessus: la ressemblance avec Charles Delahaye reste toutefois frappante.
RépondreSupprimerEn revanche, et sans le moindre doute, ni le costume ni le chapeau de cet homme est compatible avec celle d'un entrepreneur (même prospère) en charge de travaux "manuels" du 19ème siècle.
A cette adresse vous trouverez la seule photographie, pour le moment, avec les deux Charles.
RépondreSupprimerhttps://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/l-atelier-de-charles-marville-66-boulevard-saint-jacques-14eme
Première pierre posée par M. Antoine de Sartine qui devint Secrétaire d’État à la Marine en 1774, et dont la frégate qui portait son nom s'est échouée à l'entrée du port de Marseille en 1780. La fameuse Sardine qui a bouché le port de Marseille !
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