vendredi 1 novembre 2019

Du château du roi d'Espagne à la mairie d’Épinay-sur-Seine

Hors Paris

Dans l'univers ultra-bétonné d’Épinay-sur-Seine, une vision surprenante:
D'abord ces deux chevaux cabrés qui semblent ne reposer que sur leurs deux jambes postérieures, et derrière cette sculpture de Charles Correia, la mairie... 



Devant l'entrée, cette seconde sculpture du même auteur est un véritable défi à la pesanteur. Regardez bien, elle n'a que trois points de contact avec le sol: 


La mairie à présent.
Au XVIIIe siècle, le marquis du Terrail acquiert un domaine en bord de Seine où il fait construire un petit château - on disait alors une maison - en forme de T, l'initiale de son nom.
Le château sera racheté en 1881 par François d'Assise de Bourbon, roi consort d'Espagne en exil.
Petite précision: ce roi aimait les garçons et dans l'Espagne très catholique du XIX° siècle, c'était mal vu, si bien qu'il dut pour des "raisons dynastiques" épouser sa cousine germaine la reine Isabelle II. Exilé, il vivra selon ses préférences à Épinay-sur-Seine jusqu'à sa mort, en 1902.
  En 1906, le château deviendra la mairie; on effacera alors sur la façade les armes du roi d'Espagne pour les remplacer par la devise de la république française.
Deuxième petite précision: le drapeau algérien apposé sur la façade de la mairie est dû à des cérémonies de jumelage avec la ville algérienne de Tichy. 


Dans l'entrée, soixante ans de cinquième république vous regardent.


Trésor de ce château, la salle du conseil est l'ancienne salle à manger du château:


Le plafond a conservé le semis de fleur de lys qui était et est toujours le symbole des Bourbons.


Cette salle du conseil municipal est classée MH. Elle est décoré par des toiles d’Abel Truchet représentant Épinay-sur-Seine aux quatre saisons: 





Le lustre vient de Murano, what else ?


L'actuelle salle des mariages fut jadis la salle de bal. 
Rareté: la cheminée placée sous une fenêtre !



Nous allons emprunter l'escalier d'honneur au pied duquel se trouve un joli présentoir art-déco:


Au premier étage, nous voici dans un vaste bureau; quelque-chose me dit que c'est celui du maire...



Les bureaux du premier étage sont d'une moderne sobriété mais c'est la vue sur la verdure et sur la Seine qui retiennent l'attention. En effet, les berges d’Épinay ont été épargnées par la bétonisation, de même que la rive opposée où se trouve le parc départemental de l’Île-saint-Denis. Nous sommes en pleine nature ! 
.

Quel flair ! Je pousse une porte et découvre un escalier de service en état de marche !


Mais compte tenu de notre qualité, c'est par l'escalier d'honneur que nous descendons...


N'oublions pas de mentionner les toiles qui ornent la mairie, comme "Les combats de 1870 à Épinay" de Raoul Arus ou "L'atelier" de  Boris Taslitzky: 


La façade est, où les fenêtres murées sont habituellement masquées par des contrevents, nous présente les quatre continents lointains sous forme de mascarons:


Du château, les jardins descendaient en pente douce jusqu'à la Seine; c'est aujourd'hui un jardin public.


On déplorera que les deux extensions modernes de la mairie (pierre plus claire) aient défiguré cette façade sur jardins.


Je vous ai dit que les armes du roi d'Espagne avaient été effacées sur la façade, mais pas de ce côté-ci ! Elle sont toujours là, gravées dans la pierre blonde... Viva España !  



Visite effectuée à l'occasion des Journées nationales de l'architecture, en octobre 2019, guidée par des bénévoles cultivés que je remercie.


Rue Quetigny, Épinay-sur-Seine (Seine Saint-Denis).


10 commentaires:

  1. superbe, j'adore la statue de la grosse dame type Botero
    Il me semble que le combats de 1870 est actuellement à l'expo banlieue de Genneviliers

    RépondreSupprimer
  2. Bien vu pour le tableau !
    Je l'ai tout de même mentionné car après l'expo, il va revenir à la mairie.

    RépondreSupprimer
  3. Ah, notre grenouille a accepté la prime gouvernementale pour faire un reportage en Seine-Saint-Denis ? ;-)

    Le drapeau algérien en façade est en effet tout un symbole...

    On attend une visite des studios d'Épinay (ex studios Éclair)... :-)

    RépondreSupprimer
  4. Je signale à l'assistance publique que Paris-Bise-Art a déjà réalisé 93 articles en Seine-Saint-Denis dont 4 à Épinay-sur-Seine.
    Non m'enfin franchement !

    RépondreSupprimer
  5. 93 articles ? D'accord, le symbole, toussa...

    Ce sera donc le dernier ? Dommage, tu aurais pu proposer une visite des studios à ta maire ! Cette visite aurait probablement su séduire quelqu'un qui aime tant faire son cinéma !

    RépondreSupprimer
  6. J'en parlerai à ma maire quand ce sera Noël !
    (z'avez quatre heures).

    RépondreSupprimer
  7. il y avait une oeuvre de Mentor dans la salle des mariages: les acrobates de 1972. Je me demande si elle n'est pas aussi à l'expo des gresillons?

    RépondreSupprimer
  8. le grand barde tient à vous faire remarquer qu'il n'a fait aucun jeu de mots facile avec le nom de la ville d'Epinay

    RépondreSupprimer
  9. Soyez patient, je vais bientôt me rendre à La Queue-en-Brie !

    RépondreSupprimer