C'est dans l'hôtel de Lamoignon que s'est installée depuis les années soixante la Bibliothèque historique de la ville de Paris. Fortement remanié à cette occasion, l'hôtel a conservé intactes la façade ainsi que l'échauguette marquant l'angle de la rue pavée et de la rue des francs-bourgeois.
Après une longue année de travaux, la bibliothèque rouvrait ses portes le 9 décembre 2017 et organisait pour l'occasion une journée portes ouvertes; il fallait que votre serviteur s'y ruât !
Bah oui, "ruât", revoyez vos règles de concordance des temps ou demandez à Otto !
D'ailleurs il serait bon que vous vous y ruassiez aussi !
Outre quelques mises aux normes, les travaux ont surtout porté sur les surfaces d'accueil au rez-de-chaussée. C'est beau, c'est clair, bravo !
La (très bonne) surprise vient de cette grande huile sur toile d'Eugène Bourgeois sur un dessin d'Emile Hochereau représentant la place de la Bastille et ses environs en 1889. Cette toile commandée pour l'Exposition universelle de 1889 est à comparer avec son pendant en 1789, visible au fond de la salle de lecture.
Les détails extraordinaires de cette toile nous montrent un Paris déjà industriel où les cheminées d'usines poussent comme des champignons. On passerait des heures à fouiller chaque détail tant le peintre a fait montre de précision.
Quand on pense que ce chef d'œuvre a passé des lustres, roulé dans les réserves...
Nous entrons dans la majestueuse salle de lecture, silence !
Il faut aller vers le fond de la salle pour admirer ce splendide plafond peint:
Tout au fond de la salle de lecture, figure l'autre grande toile commandée pour l'Exposition universelle de 1889 et représentant exactement le même secteur que la première toile, mais en 1789, soit un siècle plus tôt.
Cette toile est signée par Fédor Hoffbauer; les détails là aussi sont dignes d'une vue aérienne.
En comparant les deux toiles, on voit la fulgurante évolution de Paris au XVIII° siècle.
Nous empruntons un escalier "années soixante" qui n'a aucun charme hormis celui de nous permettre d'apercevoir derrière une vitre l'entrée du tout proche musée Carnavalet actuellement en cours de charcutage municipal, mais ceci est une autre histoire...
Ouverte exceptionnellement, voici la salle des Commissions où, sur les murs, sont accrochées des cartes de toute beauté.
Au fond de la salle des commissions, on croit voir l'entrée des cabinets (pas très fier de celle-la !)...
Mais ce tout petit espace n'est ni une toilette, ni une cabine téléphonique médiévale, c'est tout simplement l'échauguette déjà vue de l'extérieur.
Retour au rez-de-chaussée où, dans la cour, se trouve un petit pavillon construit dans les années soixante, le Pavillon d'Angoulême.
On y trouve les statues funéraires de Diane de France, fille d'Henri II, et de Charles d'Angoulême.
Retour vers l'intérieur pour une visite rare, celle des deux niveaux de sous-sols construits dans les années soixante pour abriter la bibliothèque.
Ce sont tout de même quelques 18 km de rayonnages qui sont devant nous...
Saviez-vous que pour jasper ainsi la tranche d'un livre, on utilise du fiel de bœuf ?
Ici un rayonnage curieux, rempli uniquement de mises en scènes de théâtre:
Là, les plans entreposés à plat ou roulés:
Nous remontons vers la surface par un vieil escalier encore en place dans la partie ancienne de l'hôtel.
On n'entre pas dans une bibliothèque comme on va au bistrot, cependant, les cours et les espaces d'accueil sont en "entrée libre", y compris la grande toile d'Eugène Bourgeois.
Pour accéder à la salle de lecture, vous devez être inscrit comme lecteur (carte d'identité + photo); c'est gratuit.
Pour visiter les sous-sols, il vous faudra attendre les journées du patrimoine (en septembre).
24 rue Pavée, Paris IV°.
pourquoi a t'on fait ce pavillon d'angoulème qui semble avoir été bâti pour y mettre les statues et y insérer les vitraux? c'est assez curieux.
RépondreSupprimerVous avez du y aller tôt car dans après-midi c'était noir de monde !
RépondreSupprimerJ'y étais à l'ouverture !
RépondreSupprimer@ Marc: C'est lors des grands travaux des années soixante que ce bâtiment a été construit.
RépondreSupprimerVu de la cour, il est vrai qu'il n'apporte rien, en revanche depuis la rue, l'effet est plutôt réussi. On a réussi à clore la cour sans "écraser" l'ensemble.
Et puis, sans vouloir être mauvaise langue (mais quand même un petit peu), imaginons quel clapier en béton aurait été bâti à la place si les travaux avaient lieu aujourd'hui...
J'aurai dû parier un café que vous y seriez ! J'y étais également dans l'après-midi, mais je ne me suis pas engagée dans les profondeurs. J'étais trop occupée à feuilleter les vieux livres et regarder les plans de Turgot en libre accès.
RépondreSupprimerJe viens de relire en détail le reportage. Si je comprends bien, outre les modernisations nécessaires du lieu, la grande nouveauté est d'avoir sorti des réserves la toile d'Eugène Bourgeois qui n'était pas exposée avant.
RépondreSupprimerCette toile est-elle dans le nouvel accueil? car le reportage est clair, dans la salle de lecture avec plafonds à la française, il n'y a toujours que la toile de 1889 représentant le quartier Bastille en 1789.
Si la toile de Bourgeois est à l'accueil on doit pouvoir l'étudier sans avoir à prendre une carte de lecteur?
Toutafé !
RépondreSupprimerEu égard à la taille des toiles, il était difficile de trouver une place pour les accrocher.
Si la toile représentant le quartier de la Bastille en 1789 est restée dans la salle de lecture (accès réglementé), l'autre toile représentant le même secteur en 1889 est dans l'espace accueil réaménagé, à droite en entrant. On peut donc la voir sans carte.
Rien que la voir, ça vaut le coup ! (on y voit même la rue de la Roquette !)
Incroyable, j'y étais lundi. Je ne savais même pas que ce lieu avait été fermé si longtemps ; je m'y suis inscrit ce jour là car c'était une des rares bibliothèques ouvertes ce jour. Je n'en ai pas vu autant que vous, mais c'était calme et il n'y avait pas beaucoup de monde. D'ailleurs en passant j'ai remarqué la librairie dont vous parlez plus loin, sans y entrer… Merci et continuez ce bon travail de bénédictin… de Paris
RépondreSupprimersuperbe nouvel accueil, outre que des sièges permettent d'admirer le tableau de Bourgeois (le Paris de 1889), des plans avec principaux monuments et rues sont à disposition afin de mieux détailler le tableau. En outre le nouvel accueil met à disposition des lecteurs des ouvrages très anciens et des plans de Paris sans avoir besoin de carte de lecteur. Sans parler des vitrines muséales de cet accueil. Les revues "illustration", des cartes 17ème sont librement consultables.
RépondreSupprimerSeul commentaire, j'ai un doute sur la réalité du tableau de Bourgeois. A part les rues, quelques monuments (mazas, entrepôts de bercy...), le bâti ordinaire me semble "imaginaire" (il faut dire qu'à part en ballon je ne vois pas comment il aurait pu peindre avec exactitude)