Pour voir l'ensemble des articles parus à propos de cette collection, cliquez sur le libellé "Collection Debuisson" au bas de cet article.
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Dernier volet de notre survol de cette extraordinaire collection, ce chapitre sera consacré à la rue parisienne. Après les "vieux papiers" et les enseignes, Roxane Debuisson a entrepris de sauver les objets du quotidien qu'on croise chaque jour sans vraiment les voir; ce n'est que lorsqu'ils disparaissent qu'on s'aperçoit qu'ils nous manquent.
Voici donc ce qu'il est convenu d'appeler le "petit patrimoine".
Nous l'avions déjà vu dans l'entrée, cet arrêt d'autobus aux couleurs de l'époque était surnommé "tête de vache". Il était très visible même de loin, ce qui est loin d'être le cas des actuels poteaux.
Après les autobus, le métro ou plus exactement le "Nord-Sud".
Cette compagnie concurrente de la CMP s'attacha dès le début du vingtième siècle à soigner le confort de ses passagers et à se différencier du "métro ordinaire".
Ce compartiment de seconde classe du Nord-Sud se trouve dans le grand couloir. Observez l'échelle métallique rouge juste derrière: elle servait à évacuer les passagers dans le tunnel en cas de panne.
Toujours le métro, mais dans l'autre compagnie, la CMP (Compagnie du métropolitain de Paris).
On le remarque à peine près du piano, ce bouclier dessiné par Hector Guimard est encore de nos jours visible sur les accès préservés du métro
Mais si, rappelez-vous, vous avez vu ce panneau ! Il était apposé aux extrémités des voitures.
Et sous cette jolie boîte à lettres, une authentique corbeille à papiers du métro !
Nous ne pénétrerons pas dans le bureau car des gens y travaillent, sachez simplement que les collections sont toutes minutieusement classées et répertoriées...
Retour dans le grand salon pour admirer ce réverbère semblable à ceux qui éclairaient la place des Vosges:
Sincèrement, ça ne vous intrigue pas ces clous ?
Les plus jeunes ne peuvent pas savoir mais ces clous délimitaient les "passages cloutés" (bah oui !) où les piétons pouvaient traverser les rues.
Partout dans l'appartement, on peut voir des plaques de rues... En voici quelques-unes:
Discrète au pied de la cheminée, cette plaque indique "rue des trois visages". Cette voie a disparu des plans, mais je l'ai retrouvée et nous y consacrerons un article ultérieurement.
Un guéridon qui donne l'heure ? Pourquoi pas... Mais ce cadran est celui - authentique - qui donnait l'heure de l'ancienne gare Montparnasse.
Il faut toujours regarder où l'on met les pieds !
À côté du plot lumineux qui ornait nos carrefours, regardez à droite, la plaque triangulaire; cette plaque marquait la limite d'intervention des "côtiers", chevaux de renforts assistant les omnibus hippomobiles dans les montées.
Pour finir, deux pièces exceptionnelles:
Une plaque dont le texte dit:
1727
DU RÈGNE DE LOUIS XV
DE PAR LE ROY
DEFENCES EXPRESSES SONT FAITES DE BÂTIR DANS
CETTE RUE HORS LA PRÉSENTE BORNE ET LIMITE
AUX PEINES PORTÉES PAR LES DÉCLARATIONS DE
SA MAJESTÉ DE 1724 ET 1726
On trouvait ce modèle de plaque aux sorties de Paris; elles ont pour la plupart été détruites.
Les guides, les sites et Paris-Bise-Art pensaient qu'il ne subsistait que deux exemplaires des ces plaques. Votre serviteur était même fier de vous les avoir présentées (Clic 1 et Clic 2).
Et bien grâce à Roxane Debuisson, nous savons que les plaques ayant survécu sont (au moins) au nombre de trois !
Enfin, cette petite plaque gravée de deux lettre: F P.
Elle nous ramène au moyen-âge et délimitait un fief dans le Paris d'alors.
Ici, c'est du fief Popin qu'il s'agit:
Alors, que dire au terme de cette visite hors normes ?
Que je suis fier de vous l'avoir présentée ? Certes, mais pour tout vous dire, je suis surtout heureux d'avoir rencontré une personne exceptionnelle qui a consacré sa vie au patrimoine parisien.
Le temps, l'argent et l'énergie consacrés à cette collection ont été dépensés sans compter par cette femme exceptionnelle. Je sais sa peine lorsqu'elle voit aujourd'hui le patrimoine parisien - grand ou petit - méprisé par des décideurs ignorants...
Et puis je ne peux m'empêcher de m'interroger sur le sort futur de ce type de collection ne bénéficiant d'aucune protection. Sera-t-elle dispersée sous le marteau d'un commissaire-priseur, sera-t-elle rachetée par un riche collectionneur étranger ?
Laissez-moi émettre un souhait:
Puisque le musée Carnavalet est en travaux et que son objet est la conservation des patrimoines parisiens de toutes natures, ne serait-ce pas une bonne idée de consacrer une ou plusieurs salles à cette collection ?
Merci madame !
Extraordinaire collection ! Merci pour cette visite très fouillée; que de souvenirs à la vue de certains objets...
RépondreSupprimerOh, l'horloge de la gare Montparnasse! Un vieux souvenir. Tous les matins de l'année scolaire 1966/1967 mon père m'accompagnait à pied à l'école avant de continuer jusqu'à son bureau. Nous passions place du 18 juin anciennement place de Rennes. Un matin l'horloge était arrêtée, signe de la destruction en cours de la gare. C'était la fin du quartier qu'il avait connu et la première étape avant la construction de l'affreuse tour qui le rendait furieux... Olivier
RépondreSupprimerMerci infiniment d'avoir partagé avec nous, pauvres lecteurs, les quatre volets de cette fabuleuse collection. Un régal de tous les instants. Et comme vous, j'espère que cette collection ne disparaîtra pas et qu'elle sera un jour exposée dans un musée parisien.
RépondreSupprimerJe pense que la grosse bouteille Picon du boulevard Richard Lenoir prendrait trop de place dans l'appartement.
RépondreSupprimerNe pas oublier de signer la pétition, non seulement pour la bouteille mais pour le bar qui la supporte , l'un serait orphelin sans l'autre.
Une interrogation sur les réverbères de la place des Vosges, n'ont ils pas un surnom du type: les "richelieu" ou les "cardinaux". Je me souviens d'un guide qui m'avait dit cela il y a 30 ans à propos des réverbères du Marais, mais je confonds peut être
Bonjour. Je travaille actuellement à inscrire au "petit patrimoine local" la plaque de bornage de limite de constructibilité du 304-306 rue de Charenton qui date de 1726 (et qui est recensée par Jacques Hillairet dans son Dictionnaire). Je sais par ailleurs qu'il en existe deux autres exemplaires, l'un rue de l'Arcade et l'autre ... dans feue la collection Debuisson et dont Paris Bise Art avait publié la photo. Mais je ne l'ai pas vue dans l'exposition préalable à la vente aux enchères de ladite collection. Cela signifierait-il qu'elle a été préemptée ou réservée au titre du patrimoine inaliénable la Ville de Paris, peut-être par la musée Carnavalet ?
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire, mais je vais vous décevoir car je n'ai aucune idée du sort qui a été réservé à cette plaque. Désolé.
SupprimerPour me faire pardonner, je vous donne quelques liens de chapitres de Paris-Bise-Art qui pourraient vous intéresser:
https://paris-bise-art.blogspot.com/search/label/Bornes
https://paris-bise-art.blogspot.com/search/label/Petit%20patrimoine
https://paris-bise-art.blogspot.com/search/label/Queue%20de%20cochon
https://paris-bise-art.blogspot.com/search/label/Pierre%20%C3%A0%20bois
Bien à vous
JPD