Au début de la rue de Rennes, l'immeuble portant le numéro 50 n'attire pas particulièrement l'attention, sauf si vous allez au Monoprix.
Cet immeuble réalisé par la Cogedim en 1999, est probablement un des derniers immeubles parisiens à avoir essayé de s'intégrer sans choquer dans un ensemble haussmannien. On n'ose imaginer ce qu'il en aurait été aujourd'hui...
Mais si je parle de cet immeuble, c'est pour un détail... Approchez-vous.
Regardez au-dessus de la porte d'entrée...
C'est un dragon ! La Cogedim, dans sa grande générosité, aurait donc payé un sculpteur pour exécuter cette oeuvre complexe ?
Mais non ! Ce que nous regardons est un moulage en résine d'une sculpture dont l'original est au Louvre, comme l'indique cette plaque :
Nous nous trouvons en effet à l'emplacement de l'entrée de la cour du dragon dont vous pourrez lire l'histoire sur le très intéressant site Vergue ( Clic ! ).
Sur ce plan de Paris de 1910, notre cour du dragon est bien là !
Cette ancienne carte postale nous montre l'entrée monumentale de la cour qui devait être préservé.
Sur cette photo d'Eugène Atget, on voit le décrochage du passage par rapport à la rue de Rennes nouvellement crée. Il avait été prévu de remonter le porche dans l'alignement des immeubles voisins.
Hélas, les spéculateurs et la guerre auront raison du patrimoine une fois de plus. La cour est détruite et remplacée par un immeuble en briques en 1938, mais le porche au dragon survit provisoirement. On voit au 7 rue du dragon l'extrémité ouest de cet immeuble :
En 1954, la démolition définitive de notre porche est approuvée ; un immeuble tout-béton-tout-moche est construit avec déjà un supermarché en sous-sol. L'image suivante est extraite de "Ugly Paris buildings" de Leonard Pitt ( Clic ! ).
Enfin, en 1999, l'immeuble actuel est construit.
La sculpture originale de P.A. Slodtz est conservée au musée du Louvre :
50 rue de Rennes, Paris VI°.
Il est probable que les vieux parisiens ont regardé avec horreur les constructions haussmanniennes édifiées dans un espace de temps assez court lorsqu’on parle d’urbanisme. Ce fut un choc, même avec l’eau et le gaz annoncés à tous les étages par une petite plaque bleue posée entre le r-d-c et l’entresol.
RépondreSupprimerC’est ce qu’on peut penser, avec la même horreur, des tonnes de béton et de verre bien secs, bien raides, le plus souvent, qui fleurissent sur les artères parisiennes depuis quelques courtes années.
Ugly auquel vous renvoyez me donne des frissons. Quel anonymat !
Nos descendants, dans 50 ou 100 ans, trouveront-ils ça chouette ?
Habitant en campagne, où la construction dite « traditionnelle » (à grand renfort de parpaings), j’ai vu jusqu’à une époque récente des maisons bâtie toutes dans un style apparenté ou quelques fantaisies rompaient la monotonie. Plus rien à voir, pourtant, avec un style « régional », très maigrement rappelé.
Maintenant, et depuis très peu, on fait carrément du « parisien », cube, verre, tarabiscotages arrondis, notamment en toitures, et que sais-je….
Alors, voyez, y’a pas qu’à Paris.
Otto, vieillardissime.
l'évocation de la rue du Dragon me rappelle ma période militante quand j'étais plus jeune , les habitants du 6eme plus solidaires et généreux et la misère moins importante que maintenant
RépondreSupprimerc'était il y a longtemps