lundi 14 septembre 2020

Pourquoi le parc Chapelle-charbon s'appelle-t-il ainsi ?

 Nous sommes dans l'ancien village de La Chapelle-Saint-Denis annexé en grande partie à Paris en 1860, et qui a laissé son nom à ce quartier dont l'essor fut lié à l'arrivée du chemin de fer.

Coincé entre les voies de la gare du Nord, celles de la gare de l'Est et celles de la Petite ceinture, la zone donnait l'impression d'être dédiée en totalité au chemin de fer. On y trouvait pas moins de trois gares de voyageurs (Est-ceinture, La Chapelle-Nord-ceinture et Pont-Marcadet), les ateliers et débords des compagnies du Nord et de l'Est, et deux gares de marchandises, celle de La Chapelle-Nord et celle de La Chapelle-Charbon.

    Cette dernière était, au nord de Paris, le pendant de la gare des Gobelins: un très important chantier consacré au charbon. Il faut se souvenir qu'à l'époque, le charbon était le principal moyen de se chauffer et de faire la cuisine pour les particuliers, mais aussi l'énergie qui alimentait les usines - nombreuses dans Paris - et produisait l'électricité.

Afin d'égayer le paysage, on avait placé des gazomètres ça et là:

Sur cette double vue aérienne (1949 vs 2018), j'ai surligné de rouge le périmètre actuel du jardin; on voit que les installations ferroviaires étaient beaucoup plus vastes.


Cette gare-charbon dont les voies étaient orientées est-ouest, est restée abandonnée pendant des années:



Cet immense paquebot se trouve le long du boulevard Ney et abrite de nombreuses entreprises; deux vastes rampes permettent d'accéder même en camion à tous les étages.


Et du toit-parking, la vue embrasse l'ancienne gare de la Chapelle-charbon, le nouveau jardin et bien au-delà:


Comme on le voit, ce bâtiment abrite des voies ferrées au niveau inférieur. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui une gare multimodale... Comme il serait pratique de faire venir les marchandises dans Paris par le train... Bah non, on fait un square et des immeubles !



Voyons maintenant le "parc" qui a les dimensions d'un square...


L'entrée principale (si, si !) donne envie, non ?


Nous y sommes ! Je veux bien que la végétation n'ait pas encore eu le temps de croître, mais je trouve ça un peu ras...





Toutes ces choses annoncées au sol n'existent ou ne fonctionnent pas.


On a conservé le long quai abrité qui se trouvait dans la gare:


Pourquoi avoir posé au sol un revêtement aussi salissant ?


Les célèbres bancs publics parisiens... ou pas.


Enfin, des toilettes...


... Hors service !



Addendum 17 septembre 2020:

À la suite de la publication de cet article, j'ai reçu d'un lecteur ce témoignage que je vous fais partager:

"Cela me rappelle une anecdote familiale.

Quand on a creusé le stade de France, pourquoi les travaux ont été aussitôt interrompus ?

A la fin du XIX° siècle, la ville de Saint Denis s’est équipée en gaz à tous les étages. Avec, il venait le coke dont il fallait se débarrasser par mesure de sécurité.

Donc la ville de Saint-Denis a lancé un concours pour l’évacuation de ces déchets que mon ancêtre a remporté (le grand-père maternel de mon grand père paternel). Son argument: enterrer tout ce coke dans le grand terrain vague inutilisé de la Plaine Saint Denis. Mais le coke continuerait « à mijoter ». Donc par dessus, il fut construit une usine à gaz, à embouteillage de gaz qui se dégageait mais la pollution explosive restait (jusqu’à son enlèvement pour construire le stade) et c’est le vainqueur du concours qui devint directeur de cette usine.

Ce vainqueur était le grand père maternel de mon grand père paternel donc, comme toutes les femmes de l’époque, mon arrière grand-mère (mère de mon grand père paternel) est venue accoucher chez ses parents. Donc mon grand-père paternel (aujourd’hui décédé, né en 1913, mort en 2006) était très fier de dire qu’il était né à l’emplacement du stade de France (exactement, au niveau des tribunes, à peu près au niveau où l’autoroute A1 va sortir du sous-sol du stade de France).

A la fin des années 80, début des années 90, mon grand-père m’avait amené en voiture sur les lieux qui était plutôt à l’abandon, plein de rouille, peintures défraîchies, vitres brisées, etc "

***

Rue Jean Cottin, Paris XVIII°.



5 commentaires:

marc a dit…

ce parc a été ouvert en juillet, il n'est pas encore achevé. Avec le covid, il a été un peu abandonné d'où quelques vandalismes. En fait il n'y a qu'une seule entrée (rue de la croix maurin), les autres entrées dont celles de la rue cottin sont encore fermées.
Laissons lui un peu de temps....mais vu le quartier (la porte de la chapelle) et sa faune, il ne faut pas s'attendre à des miracles

Gilles a dit…

J'ai eu la chance de découvrir le Parc la semaine dernière lors d'une belle éclaircie ! Je suis de l'avis de Marc, le Parc a été ouvert en début d'été avec les canicules que l'on sait et après une période de confinement qui n'a sans doute pas arrangé les choses. Faisons confiance au jardinier de la ville et au temps pour que les plantations s'installent et prennent toute leur place. Je trouve personnellement le lieu très agréable et les aires de jeux notamment très réussies. Mes enfants étaient ravis !! Il y en a pour tous les gouts et tous les âges ! Ne boudons pas notre plaisir c'est une chance d'avoir un Parc de cette qualité dans le quartier. En plus, il s'agit de la première tranche (sur 3) d'un Parc qui doit à terme faire près de 7ha, c'est l'un des derniers "grands" Parc Parisien quand même. D'ailleurs on sent bien que les choses ne sont pas terminées/définitives, par exemple l'allée principale va sans doute se continuer, elle débouche aujourd'hui sur un grillage... Idem pour les accès qui seront normalement plus nombreux (ils existent mais sont fermés) lorsque la ville aura fini d'aménager le quartier et les nouvelles rues tout autour... Rdv dans quelques mois... années ?
Gilles

JPD a dit…

Sur le principe, vous avez raison. Mon pessimisme vient du fait que, quand je regarde le square Louise de Marillac, du square la Chapelle, du square de l'Evangile, des jardins d'Eole ou du jardin Rosa Luxembourg (liste non exhaustive), que je vois leur état d'abandon, j'ai bien peur que ce jardin ne suive la même pente...

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je suis une habitante du quartier et me suis longtemps posée la question du pourquoi ce nom... alors merci pour cette information !!
J'ai l'occasion de me promener avec mes enfants très régulièrement dans le parc, il est très agréable et les aires de jeux sont vraiment TOP ! La ''promenade'' sous le auvent est dépaysante et très appréciable... Vivement les beaux jours pour profiter pleinement du Parc et de ses pelouses (aujourd'hui fermées pour "hivernage").
Espérons que la ville maintiendra le lieu en bon état avec des entretiens réguliers et la présence de gardiens/médiateurs car la réalisation est vraiment trés chouette, il y a pleins de lieux et de détails trés réussis !

Suzanne

JPD a dit…

Merci de votre témoignage.