lundi 20 mai 2019

Un immeuble de Paul Sédille boulevard de Magenta

Dans cette partie du boulevard de Magenta où les PV pleuvent comme à Gravelotte (j'en suis à quatre), il est un immeuble qui a retenu l'attention de notre envoyé spécial et il a eu raison ! 



C'est au numéro dix-neuf que cet élégant immeuble signé Paul Sédille nous montre un porche fortement ouvragé:



L'immeuble a été construit en 1869.


Avant Claude P, le photographe Charles Lansiaux avait pris ce même immeuble en photo en 1920.
Merci au Musée Carnavalet.



L'entrée cochère est décorée de cariatides imposantes:




On croirait du Platon mais c'est du Paul Sédille ! 
Dominant l'entrée de l'immeuble, ce gros motif décoratif est en quelque sorte la signature de l'architecte. On y lit "Architecture - Le beau - Le vrai - l'utile". Car Paul Sédille, en plus d'être un grand architecte, fut aussi un théoricien. 
Puissent ses successeurs s'en souvenir...


Evidemment, je l'ai gardé pour la bonne bouche, l'escalier ! 




Un grand merci à Claude P. pour ces photos !

19 boulevard de Magenta, Paris X°.

6 commentaires:

marc a dit…

Superbes photos
Sur la porte est aussi écrit "pulchra sequoi": je recherche le beau
Sedille a fait aussi le 9 bd Magenta
Le 11 est aussi pas mal mais d'un autre architecte

musard a dit…

"Le vrai, le beau, l'utile"... Cela me rappelle un article de blog : http://parismyope.blogspot.com/2012/04/societe-centrale-des-architectes.html
Paul Sédille était sans doute membre de la Société centrale des architecte dont c'était la devise. Sur les cariatides, je me souviens avoir lu la signature du Prix de Rome Henri Chapu. C'était donc un immeuble de prestige, peut-être un siège de société ? Je vais jeter un coup d’œil dans de vieux annuaires...

musard a dit…

Paul Sédille habitait au 3ème étage de l'immeuble. Sans doute a-t-il voulu soigner son environnement et allécher ses éventuels clients quand il les invitait à dîner.
http://bit.ly/2QlGWw4
Ca fait un peu penser à l'immeuble de Bocage, rue de Hanovre, ou à celui qui lui appartenait, rue de la Chine, autrement plus voyants que ses réalisation habituelles.

musard a dit…

En fait, l'architecte habitait au 3èmé étage. Il a dû soigner la réalisation pour allécher ses éventuels clients quand il les invitait à dîner.
http://bit.ly/2QlGWw4

marc a dit…

J'y suis retourné ce jour. En effet les cariatides sont signées à la base H Chapu. L'une représente la tradition et l'autre la nature (avec l'enfant au pied de la dame)comme indiqué à la base.
J'avais vu il y a des années une inscription sur la porte "pulchra sequoi": je recherche le beau. je ne l'ai pas retrouvé. Les initiales pulchra sequoi sont curieusement les mêmes que paul sédille. On trouve de nombreux PS sur la façade et dans le hall.
Sinon erreur dans mon précédent commentaire, l'autre immeuble de Paul et jean sédille est au 7 et non au 9 bd Magenta
Pas de problème de code en semaine pour y pénétrer

Boisgobey a dit…

Paul Sédille (1836-1900), Henri Chapu (1833-1891) et le poète Sully Prudhomme (1839-1907) se connaissaient bien ; ils étaient amis. Dès 1864, Chapu avait sculpté le profil du jeune poète, qui n'avait pourtant encore rien publié à l'époque ! (Son premier recueil "Stances et poèmes" date de 1865)

En 1869, quand cet immeuble du Bd Magenta fut bâti, Sully le visita et tomba en admiration devant les deux cariatides entourant l'entrée cochère (qu'on voit fort bien sur vos photos).

Il en conçut l'envie de l'exprimer, et rédigea un sonnet intitulé "La Nature et la Tradition" qui fut publié page 200 de l'édition (complétée en 1909) du recueil "Les Vaines Tendresses"

Voici le texte de ce sonnet descriptif :

L’une aux cheveux flottants sous la rose et le lis,
Laissant rire à ses pieds le faune, aïeul de l’homme,
De son corps qui respire une verdeur de pomme,
Déploie ingénument les contours bien remplis.

L’autre aux cheveux tressés, drapée à larges plis,
Des chefs-d’œuvre de l’art trésorière économe,
Composant sa beauté des types qu’on renomme,
Offre aux yeux plus savants des traits plus accomplis.

Mais je ne sais des deux laquelle je préfère,
Laquelle est à mon cœur plus sacrée et plus chère,
Elles ont toutes deux la grâce et la fierté ;

Dans mon culte pieux l’une est à l’autre unie ;
Au front orné de fleurs j’aime la liberté,
Au front ceint du bandeau j’admire le génie.

Il est loin d'être aisé de rendre une description correcte en quatorze vers...

Sully Prudhomme y parvient pourtant. En 1907, il préfacera un volume entièrement rempli de "sonnets descriptifs" de cette eau, écrits par un sous-préfet du nom de Léon Rodolphe AMIEL (1848-1917). J'aimerais bien retrouver ce volume, publié chez Alphonse Lemerre, (éditeur de Sully Prudhomme, de François Coppée, de Leconte de Lisle, d'Heredia et tant d'autres).

Ce volume semble rare, et c'est biendommage. Le même AMIEL récidivera d'ailleurs en 1909 toujours chez Lemerre, avec un second volume intitulé "Nouveaux Sonnets".

Thierry CHEVRIER (Rethondes)