vendredi 30 octobre 2015

Bercy : je ne suis pas d'Accor !

Usque non descendamus ?

On connaissait la parabole biblique d'Esaü et son plat de lentilles, on pourra désormais parler de madame Hidalgo et de son AccorHotel Arena. En effet, en échange de quelques millions d'euros, la mairie de Paris vient de vendre au groupe hôtelier Accor le nom du Palais omnisports de Paris Bercy (POPB), enterrant une deuxième fois le nom même de Bercy.
Cette opération de "naming" n'est certes pas la première, chacun appréciera l'opportunité d'une telle opération...
Au passage, vous observerez que la langue française a également été sacrifiée sur l'autel des petits arrangements : Hôtel a perdu son accent et le mot arène s'écrit maintenant arena.
Lisez cet article de Télérama à ce propos ; il est fort instructif : Clic !

 Pour se souvenir que Bercy a existé avant l'union sacrée des incultes et des financiers, regardez ces images teintées de nostalgie :



Elles sont extraites du blog "ATMOSPHÈRES" que je vous encourage à visiter ( Clic ! ).
Son auteur, Emmanuel Nouailler, a un sacré talent !

jeudi 29 octobre 2015

La halle Secrétan : du marché au supermarché

Le marché Secrétan, construit par Baltard, est depuis fort longtemps le point focal du commerce dans le XIX° arrondissement.


Quand, en 2012, les derniers commerçants furent contraints de libérer les lieux, on était en droit de s'attendre à une rénovation (nécessaire) et à une réouverture d'un marché rénové comme cela avait été le cas du marché de l'Olive peu de temps auparavant. Le permis de construire affichait d'ailleurs le mot "commerces" avec un S de bon aloi...



Cette vue du marché couvert de Saint-Quentin donne une idée de ce qu'on était en droit d'attendre :


Octobre 2015, le marché est tout beau ; allons visiter !


Première surprise : les entrées multiples sont remplacées par une entrée unique à l'enseigne des 5 fermes... On pense à un groupement de fermiers qui viendraient vendre leur production en direct. Pas du tout ! En regardant bien, on aperçoit un petit sticker "by simply market" qui n'est autre qu'une des marques du groupe Auchan !


Dès l'entrée, l'empilement des chariots et des paniers fait plus penser à un supermarché qu'à un marché...


De l'intérieur, la superbe structure de Baltard vous saute aux yeux, même si le volume intérieur a été réduit :



mais si vous parcourez les allées, vous êtes bien dans un supermarché




Au lieu de la faconde des commerçants, vous avez droit aux regards suspicieux des vigiles... ambiance !


Sans doute pour respecter le pluriel de "commerces" sur le permis de construire, un magasin de vêtements est installé sur le côté de la halle. L'enseigne ? Camaïeu... fondée par la famille Mulliez, les célèbres contribuables belges propriétaires du groupe Auchan.


En résumé, on a fait mourir un marché pour ouvrir un supermarché. CQFD.
D'une diversité de commerçants, on est passé à une société unique, multinationale de l'agro-alimentaire.
Ne dites pas à la mairie de Paris que Karl Marx évoquait la tentation monopolistique du grand capital, ça pourrait les faire douter !!!

Avenue Secrétan, Paris XIX°.

mercredi 28 octobre 2015

De la princesse Youssoupov au père Dupanloup

Hors Paris

Certains guides prétendent que le quartier des Princes tire son nom de la présence de princes russes ; ne les croyez pas !
Le fond des princes ( ou parc des princes ) était la partie sud du bois de Boulogne où passait au XVII° siècle la route conduisant au château de Meudon, demeure du Grand Dauphin, le prince !
Lieu de promenade mondain au début du XIX° siècle, le parc des princes sera annexé à Boulogne et aménagé par le baron Haussmann en 1860.
L'actuelle Ecole Dupanloup occupe un ensemble d'hôtels particuliers représentatifs de ce quartier : du chic, de la verdure et pas de pauvres !
La première occupante fut Zénaïde Narychkine, princesse Youssoupov à qui succédera le Grand duc Paul, l'oncle du Tsar.  
En 1920, les Sœurs de l'Enfant Jésus rachètent les pavillons pour en faire une école ; c'est aujourd'hui le cours Dupanloup.

De gauche à droite : Zénaïde Narychkine, princesse Youssoupov, le Grand duc Paul et son épouse, et leur portrait encore visible aujourd'hui dans l'école.


Quelques vues de l'école naguère...



L'ensemble des bâtiments s'articule autour d'un jardin ; pas de béton ici !





L'ancien jardin d'hiver :


Entrons !


Le "CDI" - en français bibliothèque - a conservé ses boiseries et ses ors


La plus belle pièce : le bureau du directeur, récemment restauré




Une salle à manger de prince ?



Le fumoir a été construit en reliant deux pavillons


L'ancienne chapelle et la nouvelle... No comment !


Plus d'info. sur le site de l'école : Clic !

Cette école privée ne se visite pas comme un musée, bien sûr. On pourra cependant guetter la fête de l'école ( en juin ) ou les journées du patrimoine ( en septembre ) pour pouvoir y être accueilli.

4 avenue Robert Schuman, Boulogne-Billancourt ( Hauts de Seine ).

mardi 27 octobre 2015

Paris - Promenades au bord de l'eau

de Dominique Lesbros
Editions Parigramme

"Comment étonner un parisien sur un parcours qu'il a arpenté des dizaines de fois ?"
Cette phrase est l'entame du premier chapitre ; elle pourrait être le slogan de cet ouvrage. L'auteur - Dominique Lesbros - a l'habitude de nous ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure et que nous ignorons. Jetant son dévolu sur les berges, elle nous fait parcourir la Seine et les canaux au fil de douze balades qui sont autant de découvertes.
Bâtiments, ponts, bateaux, vestiges, écluses, monuments, mascarons, commerce, tout y passe jusqu'au bassin du dépotoir, aux pompiers ou aux égoutiers.
Saviez-vous qu'il existe à Paris un pont-canal, un pont craqueur et une écluse des morts ?
Ce livre nous permet de choisir en fonction de notre humeur une balade dans le Paris des beaux quartiers, les monuments prestigieux et les lieux de pouvoir, ou bien une visite dans un Paris naguère industriel, plus populaire mais aussi étonnant. 
Comme toujours aux éditions Parigramme, l'iconographie est abondante, la mise en page est claire et les plans sont lisibles.
Le format du livre ( 20 x 14 ) en facilitera l'emport.



Retrouvez ce livre dans la rubrique Bibliographie, en bas de la colonne de droite du blog, comme tous les ouvrages cités sur Paris-Bise-Art.

lundi 26 octobre 2015

Mairie du XIV° - L'abri de défense passive

La mairie du XIV° fut d'abord la mairie de la ville de Montrouge. Ce n'est qu'après l'extension de Paris aux communes limitrophes (1860) qu'elle devint la mairie du nouveau XIV° arrondissement.
Notre visite aujourd'hui concerne les sous-sols, là où le public n'a d'ordinaire pas accès.


Première constatation : des renforts métalliques ont été ajoutés au bâtiment pour "durcir" la structure en cas d'effondrement.



Parcourant les corridors, on constate que les portes ont vraiment l'air d'être solides !



Un gros filtre à air nous confirme que nous sommes dans un abri.


En entrant dans cette dernière pièce, une inscription "Soyez les bienvenus" nous accueille :


Sur un mur à côté de la porte, on a dessiné un village avec son clocher, surmonté d'un soleil et du mot "paix".


La pièce maîtresse de cette pièce, c'est une fresque d'environ quatre mètres par deux où l'on voit des prisonniers derrière des barbelés. Derrière ces barbelés, un soldat allemand passe sous le regard d'un mirador...



Les tenues des prisonniers portent les lettres KG pour Kriegsgefangener ( prisonnier de guerre en allemand ).


Mais le plus bouleversant, c'est peut-être ce poème à demi-effacé que je reproduis dans son intégralité ci-dessous :


 Aux prisonniers libérés
de passage au Stalag VIII C

Vous qui rentrez chez nous, racontez à nos Mères
Dont le front, plus ridé sous des cheveux plus blancs,
S'inquiète trop de nous, que, petits et tremblants,
Vers elles nous lançons, brutales et amères,
Les lourdes dépressions qui plient nos genoux,
Vous qui rentrez chez nous !...

Lorsque vous les verrez, direz-vous à nos femmes,
Aux yeux rêveurs et flous, d'impatience mêlés,
Tout ce que nous celons par leurs noms épelés
Dans nos nuits sans sommeil où notre être réclame
Un bras pour s'endormir, un bras câlin et doux,
Vous qui rentrez chez nous !...

A nos petits enfants dont le sort acariâtre
A fait des orphelins, vous saurez bien conter
Les désirs fous que nous devons parfois dompter
De sentir, sous nos doigts, leur menotte idolâtre
En les serrant très fort sur nos tremblants genoux
Vous qui rentrez chez nous !...

Saurez-vous expliquer aux pauvres fiancées
Ce que nous éprouvons de rayonnant espoir,
Quand leur sourire aimant vient butiner, le soir,
Notre âme où sait fleurir leur constante pensée
Et que, sous notre peau, le sang court à longs coups
Vous qui rentrez chez nous !...

Mais aussi saurez-vous bien dire à notre France,
A son histoire, à tous ses nobles souvenirs
Que nous rêvons déjà, tous, à son avenir
Avec ferveur, avec élan, avec confiance
Et que son nom nous est devenu bien plus doux,
Vous qui rentrez chez nous !...

Sagan, août 1941


Cet émouvant poème a été rédigé en août 1941 par un prisonnier de guerre français anonyme, détenu au Stalag VIII C de Sagan, en Silésie, non loin de l'Oder.
Il s'adresse aux prisonniers qui transitent par le Stalag en cours de rapatriement vers la France.


Cette pièce a sans nul doute servi à l'accueil des prisonniers rentrant d'Allemagne.
Vous l'avez remarqué aux reflets sur les photos, ces témoignages du passé sont aujourd'hui protégés par des plaques transparentes. Nous devons ces protections à Gilles Thomas, le meilleur spécialiste du Paris souterrain. Il craignait à juste titre que ces œuvres fragiles fussent dégradées. Merci à lui !
Pour le remercier, vous pouvez acheter son livre passionnant "Les catacombes - Histoire du Paris souterrain" déjà vu sur PBA ( Clic ! ).

2 Place Ferdinand Brunot, Paris XIV°.

samedi 24 octobre 2015

Le patrimoine parisien en danger !

Lisez s'il vous plait et faites lire cet article d'Hervé Liffran paru sur Le Canard enchaîné :


Il fallait que je promusse la colonne de droite

La rubrique "Blogs de quartiers" recèle des trésors !
Nostalgie, histoire, faits divers, bobos, actualité, commerces, etc, on y trouve tout et bien plus que tout.


J'ai sélectionné les meilleurs, bien sûr, j'ai éliminé les blogs uniquement politiques, mais si vous en connaissez d'autres, n'hésitez pas à me les soumettre. 


C'était un communiqué de la colonne de droite.