mercredi 23 octobre 2013

Patrimoine parisien: la destruction continue.

Vandalisme, incurie, incompétence, mépris... Quel que soit le terme utilisé, on se dit que les personnes rémunérées au titre du Patrimoine (j'allais dire qui travaillent) à la Ville de Paris mériteraient un licenciement pour faute. Heureux les irresponsables dont le non-travail n'entraîne aucune sanction !

En avril 2010, nous nous étions déjà arrêtés (Clic !) dans le square Anna de Noailles pour admirer le petit bassin en mosaïque bleue et la statue de faune souriant du sculpteur nîmois Marcel Courbier.



En août 2012, un de nos lecteurs - Oderik, que je remercie - nous envoyait une photographie de la statue déjà bien endommagée:


Voici les dernières photos que j'ai prises en juillet 2013:


Le bassin n'existe plus, la statue non plus. Tout a été pulvérisé. Le personnel de la Ville de Paris s'est contenté de remplir le bassin avec les gravas récupérés au fil des mois. On dirait une tombe. Il a fallu trois ans pour que personne ne réagisse.


Aujourd'hui, les mauvaises herbes poussent dans ce qui n'est plus un square mais ressemble de plus en plus à un terrain vague.
Cela me rappelle furieusement la méthode employée place de la République où l'on a laissé à l'abandon les deux squares pour mieux les bétonner...


Lisez cet extrait du site de la Mairie de Paris. 
Non, vous ne rêvez pas ! Ils ont bien osé écrire sans rire qu'ils "assuraient la préservation, la mise en valeur et l'entretien" du patrimoine...
 Il y a 1339 agents à la Direction du Patrimoine de la Ville de Paris. Ils dépensent 77 millions d'euros en fonctionnement (57505 euros par agent et par an) et 112 millions d'euros en investissement (source Mairie de Paris).


Square Anna de Noailles, 46 boulevard de l'amiral Bruix, Paris XVI°.

7 commentaires:

Maufrigneuse a dit…

Cher Jean-Paul,
Merci pour ce témoignage par l'image et le texte.
Cette destruction par l'inaction qui finit par ressembler à une tombe est une infernale illustration du Paris qui souffre. Et meurt en silence, tandis que le vacarme assourdissant d'un discours municipal depuis 2001 sur une pseudo-modernité culturelle, dogmatique, permanente et militante jusqu'à la caricature nous assomme.

James a dit…

Faut dire que cette fontaine était plutôt moche et sans grand intérêt. Néanmoins, la ville de Paris avait une obligation d'assurer son entretien. Pourquoi, dans ce cas, n'ont-ils pas mis la fontaine en stockage à Ivry (avec plein d'autres 'trésors' de la ville).

JPD a dit…

Merci de vos commentaires.

Dire que cette fontaine était plutôt moche relève du jugement personnel que chacun a le droit d'avoir.
Les seules personnes qui n'ont pas le droit d'émettre un tel avis sont nos édiles à qui une ville a été confiée et dont le devoir est de la restituer dans un état au moins aussi bon que lors de leur arrivée.
Enfin, pour vous donner mon avis, ce square ainsi que ses voisins comme le jardin Claude Debussy symbolisent une façon de voir la ville - en mélangeant l'hygiénisme à la culture - propre aux années trente.

Hana de Prague a dit…

C'est triste. J'ai pensé que les choses du genre pouvaient se passer seulement chez nous à Prague :-(

Mya.L a dit…

Oui, quelle tristesse...

Anonyme a dit…

La raison est-elle qu’il n’y a plus de bonnes d’enfants dans le XVI ème ? ou que le « square » est difficile d’accès ?
Otto.
NB - Bonjour à Prague, la Belle Ville !

JPD a dit…

Je partage votre tristesse.
Il y a encore des bonnes dans le seizième, en revanche ce qui a disparu en 2002, ce sont les gardiens de squares.
Si ce jardin est un peu coincé entre le boulevard périphérique et les boulevards des maréchaux, il n'en reste pas moins un accès facile et protégé au bois de Boulogne tout proche.
Enfin, et même si cela doit sembler polémique, il faut dire que la Mairie de Paris fait des arbitrages budgétaires favorisant le "convivial et le festif" (Nuit blanche, Paris-plage, etc...) au détriment du patrimoine.